Alors que le gouvernement gabonais annonce l’entrée en vigueur de la taxe forfaitaire d’habitation en 2026, la controverse enfle. Pourtant, il s’agit d’un dispositif tout à fait classique, déjà en vigueur dans plusieurs pays africains sous diverses formes : taxe d’habitation, taxe foncière ou encore property tax, destinée à financer les services publics locaux.
Dans la plupart des pays du continent, les municipalités s’appuient sur la fiscalité locale pour assurer les services essentiels. Contrairement à ce que laisse entendre une partie de l’opinion, le Gabon n’innove pas : il rejoint simplement une pratique largement répandue en Afrique. Partout, la taxe d’habitation, ou son équivalent foncier, constitue un levier incontournable de financement territorial.
Les exemples sont nombreux, au Sénégal, la taxe d’habitation et les contributions locales peuvent atteindre 200 000 FCFA pour une villa, au Bénin, la taxe foncière représente entre 4 % et 8 % de la valeur locative du bien, au Togo, elle varie de 2 000 FCFA pour un studio à 30 000 FCFA pour une villa, et peut monter jusqu’à 100 000 FCFA pour certains immeubles, au Burkina Faso, les ménages versent entre 5 000 et 30 000 FCFA par an, au Maroc, la taxe d’habitation se situe entre 20 000 et 100 000 FCFA, selon le standing et l’emplacement du logement, au Ghana, la Property Rate constitue l’un des fondements de l’entretien et de l’aménagement urbain.
À partir de 2026, la taxe d’habitation au Gabon s’appliquera selon un nouveau barème : 1 000 FCFA par mois dans la majorité des cas, et entre 10 000 et 30 000 FCFA par an pour la plupart des foyers, des montants largement inférieurs à ceux pratiqués dans la région.
Alors que plusieurs pays africains appliquent des contributions annuelles de 50 000, 80 000, voire 200 000 FCFA, le Gabon adopte l’un des niveaux les plus bas du continent. Le pays suit le même principe fiscal que ses voisins, mais dans une version allégée, accessible et adaptée au pouvoir d’achat national.
Avec un tarif fixé à seulement 1 000 FCFA par mois, le Gabon introduit une contribution modeste, mais suffisante pour enclencher une modernisation progressive des communes. Le pays n’invente rien : il adapte simplement un modèle international éprouvé, dans une version plus douce et plus progressive.
Pour celles et ceux qui aspirent à des villes propres, éclairées, sécurisées et mieux entretenues, cette taxe relève d’un choix de responsabilité et de modernité. Il ne s’agit pas d’une rupture, mais d’une étape logique d’un modèle qui a déjà fait ses preuves ailleurs.
Pour qui aspire à des villes propres, éclairées, sûres et bien entretenues, cette mesure relève d’un choix de responsabilité et de modernité. Plutôt qu’une rupture, elle représente une adaptation raisonnable d’un modèle qui a fait ses preuves ailleurs.
Particularité gabonaise : contrairement à d’autres pays qui imposent directement le logement, le Gabon a choisi un prélèvement via les factures d’électricité de la SEEG. L’objectif : inclure l’ensemble des ménages, y compris ceux du secteur informel, généralement difficiles à taxer. Un modèle original, porteur d’espoirs, mais aussi de questions, notamment sur la transparence, l’efficacité du dispositif et son impact sur le pouvoir d’achat.

