Le dimanche 9 mars 2025, le ministre de l’Intérieur et président de la Commission nationale chargée de l’organisation et du contrôle des élections et du référendum (CNOCER) a dévoilé les noms des quatre candidats retenus pour le scrutin du 12 avril 2025. Fait inédit depuis 1993 au Gabon, les quatre candidats retenus se présenteront en indépendants.
Du Parti démocratique gabonais (PDG) d’Omar Bongo au Rassemblement national des bûcherons (RNB) de Paul Mba Abessole, en passant par l’Union nationale (UN) d’André Mba Obame et l’Union du peuple gabonais (UPG) de Pierre Mamboundou, pour ne citer qu’eux, depuis l’avènement du multipartisme et les premières élections ouvertes à tous en 1993, les partis politiques ont toujours présenté un candidat à la présidentielle.
Le coup de libération réalisé par le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) le 30 août 2023 a redéfini et bouleversé le paysage politique gabonais. Désormais, ce n’est plus un parti qui dirige le pays, mais une entité se définissant comme neutre et du côté du peuple.
Après l’annonce du calendrier fixant les élections présidentielles pour avril 2025, l’ambiance au sein des partis était aux querelles internes. Une vague de démissions a marqué le PDG, accompagnée d’un conflit de leadership, la distorsion de l’UN et la démission de Jean Valentin Leyama du secrétariat exécutif de REAGIR.
Ces guerres intestines peuvent-elles expliquer l’absence de candidatures issues des partis politiques ? L’analyste politique Arnaud Lilian Bilie explique : « Dans les partis politiques, il y a ceux qui suivent un leader pour ce qu’il apporte au parti en termes d’intérêts, et ceux qui suivent l’idéologie. Dès lors que ces deux courants ne sont pas d’accord, il ne peut y avoir aucun consensus, entre ceux qui voudraient présenter un candidat et ceux qui estiment qu’ils doivent s’aligner derrière la transition ».
Selon l’analyste politique, ces « partis s’étaient créés de manière sectorielle, géographique, identitaire et non idéologique. Ils n’avaient aucun objectif précis, si ce n’est la prise de pouvoir par tous les moyens politiques. Ils ont fusionné quelques années plus tard pour faire opposition au système Bongo-PDG. Maintenant que ce système n’est plus, ils n’ont aucun intérêt à présenter une candidature, d’autant plus que plusieurs ont soutenu le président de la transition, lui-même candidat à cette élection ».
Enfin, conformément à l’article 44 de la charte de la transition, « les membres du gouvernement ne sont pas éligibles à l’élection présidentielle ». Or, la plupart des leaders politiques et chefs de partis ayant participé à la transition en tant que membres du gouvernement sont de facto hors course.
À la lumière de ces éléments, il est à noter que l’absence de candidats issus des partis politiques relève de plusieurs raisons. La nécessité pour ces derniers de refonder leurs modes de fonctionnement et de repenser leurs stratégies est un impératif vital pour leur survie.
Après les élections présidentielles du 12 avril prochain, se profilent les législatives et les locales, l’occasion pour ces formations politiques de regagner l’assentiment de leurs militants et d’espérer concourir aux destinées du pays.