Le procès très attendu de l’ancien ministre gambien, OUSMAN SONKO, s’est ouvert lundi à la Cour criminelle fédérale de Suisse, grâce au principe de compétence universelle. L’ex haut cadre du régime de Yahya Jammeh est accusé de crime contre l’humanité.
Jamais un homme du cercle de Yahya Jammeh n’a été jugé en Europe au titre de la compétence universelle.
L’Ancien commandant de la garde présidentielle, puis inspecteur général de la police, et enfin ministre de l’Intérieur durant dix ans, Ousman Sonko est accusé de crimes contre l’humanité, torture, enlèvement ou encore exécutions extrajudiciaires. Alors qu’il avait fui le pays en 2016, l’ancien ministre de l’intérieur avait été arrêté en Suisse l’année suivante. Son procès promet donc d’écrire l’histoire, il porte l’étiquette du premier crime de l’ère Jammeh à être jugé dans le monde.
Selon l’avocat Reed Brody, de la commission internationale des juristes, Ousman Sonko était un pilier du régime. Il a participé aux crimes les plus importants. Selon lui, l’ancien ministre a appliqué la répression, donné des ordres pour violenter, torturer et violer.
Les avocats des plaignants ont insisté pour que les qualificatifs de violences sexuelles soient ajoutés pour certains faits, notamment des tortures à l’électricité sur des parties génitales. Une femme qu’il aurait réduite en esclavage et violé au moins 60 fois doit par exemple témoigner. Ils ont aussi demandé que des circonstances aggravantes soient retenues, au regard du nombre de victimes et de la nature des crimes.
Du côté de l’accusé, son avocat a contesté la compétence de la cour pour des faits antérieurs à une réforme du code pénal suisse en 2011, demandant par conséquent le retrait de certains témoignages et preuves qu’il estime non recevables.
Le journaliste Madi Ceesay attendait ce moment avec impatience. Il avait été arrêté et torturé lorsqu’Ousman Sonko était inspecteur général de la police. Le procès de l’homme de main de Yahya Jammeh doit durer au moins trois semaines et pourrait encourager la justice gambienne à emboîter le pas, au moment où aucun crime commis sous Yahya Jammeh n’a encore été jugé.
JOE ONDO