Une page importante de l’histoire du Sénégal vient de s’écrire. Bassirou Diomaye Faye a, sans surprise, été déclaré vainqueur au premier tour de l’élection présidentielle du 24 mars 2024 avec 54,28 % des voix selon les résultats officiels définitifs publiés vendredi 29 mars par le Conseil Constitutionnel, loin devant Amadou Ba, son principal concurrent, qui a obtenu 35,79 % des suffrages. Après avoir été incarcéré durant douze mois, puis libéré de prison à neuf jours du scrutin, cet inspecteur des finances devient le 5e président du Sénégal, succédant ainsi à Léopold Sedar Senghor, Abdou Diouf, Abdoulaye Wade et Macky Sall. A cet effet, la rédaction de Gabon 24 revient sur le parcours exceptionnel du nouveau chef de l’Etat sénégalais.
Né en 1980 à Ndiaganiao, une commune du centre-ouest du pays, dans la région de Thiès, au sein d’une modeste famille d’agriculteurs, le président Bassirou Diomaye Faye a fait ses études de droit à l’Université Cheikh-Anta-Diop de Dakar (UCAD), avant d’intégrer la prestigieuse Ecole nationale d’administration (ENA) du Sénégal. À l’issue d’une formation de deux ans, il sort inspecteur des finances publiques. C’est avec cette base qu’il affrontera Amadou Ba, lui aussi agents des finances publiques, ancien directeur général des impôts et ministre des Finances publiques, aux élections présidentielles de 2024.
Syndicalisme et politique
En intégrant la fonction publique de son pays, Bassirou Diomaye Faye est déjà dans le militantisme. Étant inspecteur des finances, il devient rapidement le secrétaire général du syndicat des impôts et des domaines du Sénégal. Quelques années plus tard, l’actuel président s’engage en politique en intégrant le parti Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef).
Il rejoint ainsi Ousmane Sonko, le fondateur de ce parti d’opposition qui voit le jour en 2014. Une relation fraternelle et chaleureuse naît entre les deux hommes, à tel point que Bassirou Diomaye Faye nomme un de ses fils “Ousmane” en hommage à son mentor Sonko. En 2021, il participe aux élections municipales de 2022, sans succès. Malgré cet échec, il connaît un succès au sein de sa formation politique, le Pastef, où il gravit les échelons jusqu’à devenir secrétaire général du parti. Ce poste fait de lui le numéro 2 de cette formation politique, qui à l’époque visait déjà la présidentielle.
De la prison à la présidence de la République
En avril 2023, alors qu’Ousmane Sonko est engagé dans une procédure judiciaire, Bassirou Diomaye Faye est arrêté pour outrage à magistrat, diffamation et acte de nature à compromettre la paix dans son pays. La cause de son arrestation est la diffusion d’un message, largement relayé sur les réseaux sociaux, dans lequel il critiquait l’action du pouvoir judiciaire dans l’affaire Sonko. Il est ensuite déféré à la prison de Rebeuss, à Dakar, où il est placé en détention préventive. Ousmane Sonko, jugé coupable d’appel à l’insurrection, le rejoint trois mois plus tard.
Les deux opposants sont libérés en mars 2024, suite à la promulgation par le président sortant Macky Sall, de la loi d’amnistie générale votée par le Parlement le 7 mars 2024. Cette loi a en effet effacé tous les faits correctionnels et criminels liés aux manifestations politiques survenues au Sénégal entre le 1ᵉʳ février 2021 et le 25 février 2024. Plus de 300 prisonniers ont bénéficié de cette amnistie dès sa première semaine d’application.
Désormais libre, Bassirou Diomaye Faye renoue avec ses activités politiques et reprend la tête du parti. Le premier leader du Pastef, Ousmane Sonko étant disqualifié pour la présidentielle du 24 mars 2024, il est donc choisi pour être le remplacer.
En deux semaines d’intense campagne, la stratégie du Pastef s’est révélée gagnante. Les 7 millions d’électeurs sénégalais ont choisi le candidat de 44 ans, Bassirou Diomaye Faye, pour présider aux destinées du pays durant les cinq années à venir.
Charles Ayenoue