L’arboretum Raponda Walker a accueilli, mardi 27 mai 2025, de nombreux participants à l’occasion du lancement officiel de la première formation consacrée à l’application PlantNet. Organisée dans le cadre de l’initiative One Forest Vision (OFVi), cette session marque une étape déterminante dans la promotion de la science participative au service de la conservation des espèces végétales du Gabon.
Fruit d’une coopération entre le Centre national de la recherche scientifique et technologique (CENAREST), l’Herbier national du Gabon, l’Institut de recherche pour le développement (IRD) et le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD), cette rencontre a vu la participation de nombreux acteurs venus s’initier ou améliorer leur utilisation de la plateforme PlantNet.
« Cela ne va pas remplacer les systématiciens ou les botanistes de formation, mais ça aide à identifier les espèces. Dans le monde, il y a près de 400 000 espèces de plantes et vous savez que dans notre forêt, le bassin du Congo, il y a très peu d’études d’identification de ces espèces-là. Au Gabon, on est à moins d’un tiers d’identification de nos écosystèmes, donc on est toujours preneur pour un programme comme PlantNet qui peut nous aider à l’identification de ces plantes-là », a souligné le professeur Donald Midoko Iponga, chercheur IRET/CENAREST et coordinateur du programme CAFI-CENAREST.
Cette application est une innovation remarquable, un outil indispensable pour les amoureux de la nature. Elle offre à chaque utilisateur – qu’il soit botaniste en herbe, cultivateur, enseignant, chercheur, ou simple curieux désireux d’en savoir plus sur ce qui l’entoure – la possibilité d’identifier n’importe quelle espèce végétale en temps réel, directement depuis son smartphone, grâce à une intelligence artificielle évolutive alimentée par les données de millions d’utilisateurs.
Une application utilisable par tous
L’application PlantNet est facile d’utilisation pour toute personne sachant se servir d’un smartphone. Elle fonctionne de manière claire et intuitive : il suffit de photographier une feuille, une fleur, un fruit ou une écorce, et l’application propose en quelques secondes les espèces les plus probables grâce à un puissant algorithme. « PlantNet est une application qui s’appuie sur l’intelligence artificielle pour faciliter l’identification et l’inventaire des espèces végétales à partir de photos », a déclaré Murielle Simo-Droissart, botaniste tropicale et animatrice pour le développement de PlantNet en Afrique centrale.
L’identification est ensuite affinée par la communauté d’utilisateurs, renforçant la fiabilité de l’outil. « L’application a été créée pour essayer de combler le besoin en identification des plantes », a-t-elle ajouté. Ce qui fait la singularité de PlantNet est son approche participative. Chaque photo envoyée par un utilisateur, chaque plante identifiée, alimente une base de données scientifique mondiale. « PlantNet ne fait pas de magie ; elle combine nos cerveaux, met en commun tout ce que nous lui apprenons, comme un seul esprit. Cela permet que ce que je connais, vous en soyez informé lorsque vous consultez l’application, et que je sois également au courant de ce que vous connaissez », a précisé la botaniste.
En échange, cette base de données améliore constamment l’exactitude des futures identifications. « Avec toutes les menaces qui pèsent sur notre environnement pour pouvoir proposer de bonnes stratégies de conservation et définir ce qui est prioritaire à conserver ou ce que l’on peut gérer, il faut déjà savoir ce que l’on a autour de nous. PlantNet est là pour aider à identifier les espèces, pour aider à savoir où elles se trouvent afin de pouvoir définir de meilleurs programmes de conservation », a indiqué Murielle Simo-Droissart. C’est donc une dynamique où les résultats positifs deviennent les moteurs de l’action suivante, où chaque contribution individuelle renforce l’impact collectif.
Une utilisation possible même sans connexion internet
PlantNet propose une fonctionnalité intitulée « Mode Embarqué ». Elle permet aux utilisateurs de se servir de cette application même quand ils sont hors réseau. Elle répond ainsi aux besoins des personnes vivant dans les zones reculées et ne bénéficiant pas toujours d’une connexion internet stable. « Comme nous sommes dans une zone tropicale où l’on n’a pas toujours un bon accès à la connexion internet, vous téléchargez les données embarquées et les données complémentaires pour la région, c’est-à-dire l’Afrique tropicale du Centre-Ouest dans laquelle le Gabon se trouve. Cela vous permet, lorsque vous êtes sur le terrain et que vous n’avez pas de connexion, de pouvoir comparer les images que vous prenez avec celles présentes dans la base de données », a-t-elle expliqué. Cette fonctionnalité donne la possibilité à ces usagers d’étendre leurs champs d’exploitation et leur offrent un moyen d’accéder à l’information qui soit pratique et facile .
Un atout essentiel pour la connaissance et la conservation de la flore gabonaise
La biodiversité du Gabon est exceptionnelle : forêts tropicales denses, savanes, zones humides, littoral. Le pays abrite une flore incroyablement riche, mais souvent très peu documentée. « Le Gabon s’est lancé dans la protection de ses écosystèmes. On ne peut protéger ce qu’on ne connaît pas », a rappelé le professeur Donald Midoko Iponga.
Grâce à PlantNet, les citoyens gabonais peuvent désormais contribuer activement à l’inventaire et à la préservation de cette richesse naturelle. « Cette application est bénéfique pour moi. Elle va me permettre d’insérer les données des espèces ou d’identifier celles que je ne connais pas, afin d’enrichir ma base de données », a témoigné Davy Ngueba Ikapi, doctorant à l’Université des sciences et techniques de Masuku (USTM). Les données collectées sont d’une grande valeur pour les scientifiques, les gestionnaires d’aires protégées, les enseignants et les décideurs politiques.
« Moi, je travaille en pharmacologie. Pour ce faire, il me faut répertorier les plantes thérapeutiques, d’où la nécessité de les identifier. Avant l’arrivée de PlantNet, nous devions faire du « bouquinage », mais grâce à l’application, nous savons mieux comment nous orienter pour l’identification », a confié Laurie Laine Ngoma, doctorante à l’USTM. Elle permet ainsi de mieux comprendre la répartition des espèces, de détecter d’éventuelles espèces rares ou menacées, et de suivre l’évolution des écosystèmes face aux pressions humaines et climatiques.
L’arrivée de PlantNet sur le territoire gabonais marque une nouvelle ère pour le renforcement des connaissances et la protection de la flore nationale. Chercheurs, citoyens et institutions sont appelés à œuvrer ensemble pour faire progresser la science et contribuer de manière significative à un avenir plus durable.