Sur le plateau de Gabon 24, l’émission « Entre Elles » a ouvert un débat sur la place de la femme dans l’Église et sur l’impact de sa vie religieuse dans la famille gabonaise. Un dialogue à plusieurs voix, entre responsables religieux, membres du gouvernement, universitaires et femmes d’Église, pour tenter de redéfinir le rôle de la femme croyante dans une société en pleine mutation.
Invité à ouvrir la réflexion, un prêtre a rappelé la valeur fondamentale de la femme dans la création selon les Écritures : « Dieu créa l’homme à son image. À l’image de Dieu, il le créa. Homme et femme, il les créa. » (Genèse 1, 27).
À partir de cette égalité originelle découle, selon lui, une co-responsabilité entre l’homme et la femme, ainsi qu’une complémentarité essentielle au sein du couple et de la communauté. « En hébreu, le mot hézèr désigne la femme comme secours et non comme simple aide. C’est le même terme utilisé pour Dieu : Dieu est hézèr de son peuple. La femme est donc un secours indispensable à l’homme », a-t-il précisé.
La femme, selon l’Église, est à la fois celle qui transmet des valeurs, pilier de l’éducation et stabilisatrice dans les moments de crise. « Elle reçoit de sa communauté la force morale et spirituelle nécessaire pour être le soutien, l’écoute et le réconfort de tous », a-t-il ajouté.
La femme, être humain à multiples dimensions
Prenant la parole à son tour, Élodie Diane Fouefoué épouse Sanjo, ministre de la Femme, de la Famille et de la Protection, a livré une définition complète et humaniste : « La femme, c’est un être humain de sexe féminin avec des caractéristiques biologiques, soit donner la vie, mais aussi psychologiques, sociales et culturelles. Elle pense, ressent, agit et occupe un rôle dans la société ».
Elle a rappelé que l’Église, en tant que communauté de foi, accompagne ces dimensions humaines et contribue à la construction d’un équilibre entre vie spirituelle et vie familiale : « L’Église ne se résume pas à un lieu de culte, c’est une communauté rassemblée autour d’une idéologie, avec le Christ comme base ».
Quand la foi influence la famille
Pour Nadine Nathalie Awanan épouse Anato, ministre des Affaires sociales et de l’Inclusion, l’analyse doit aller plus loin : « Il faut se demander quel est l’impact de la femme dans l’Église sur la famille. »
Selon elle, la femme reste un élément clé de la structure familiale, tout comme l’Église demeure un acteur social, historiquement impliqué dans l’éducation, la santé et la lutte contre la précarité. Le lien entre les deux dont la femme et l’Église façonne donc directement la stabilité du foyer et l’équilibre moral de la société.
Entre politique, foi et vérité sociale
Femme politique et pasteur, Claudine Ayo a, elle aussi, livré une intervention sans détours, elle a décrit une réalité qui semble interpeller, elle nuance et explique : « L’Église, d’abord, c’est une institution divine. Nous ne pouvons pas vivre sur terre uniquement de façon conventionnelle. Les femmes vont à l’Église parce qu’on dit que la femme est l’Église. Pourquoi ? Parce qu’elle cherche une solution divine. ».
Revendiquant son héritage culturel et spirituel, elle ajoute :« Je suis Mpongwè. Dans nos traditions, quand une femme rentre au ndjembè, elle y reste un mois, parfois plus, sans son mari. Personne ne trouve à redire. Pourtant, quand elle passe la journée à l’Église, on parle d’abandon ».
Pour elle, l’engagement religieux féminin n’est pas un signe d’excès, mais une quête de paix intérieure et de reconstruction : « ces femmes, souvent brisées ou épuisées, trouvent dans l’Église ce que la famille ou l’État n’ont pas su leur offrir : un soulagement moral, émotionnel et parfois même financier. Là où la maison a échoué, l’Église devient ce troisième foyer ».
Une redéfinition nécessaire du rôle spirituel féminin
À travers ces échanges sincères et parfois passionnés, se sont révélés les paradoxes d’une foi féminine à la fois vibrante et parfois excessive.

