La législature de la transition, installée le 16 octobre 2023, s’est officiellement achevée ce jeudi lors d’une cérémonie solennelle à l’Hémicycle du Palais Léon Mba. Un moment historique, marqué par l’émotion, la lucidité et un regard rétrospectif sur 25 mois d’un mandat inédit dans l’histoire politique du Gabon.
Intervenant au nom des forces politiques, l’Honorable Biyoghe Mba a dressé un constat lucide sur l’atmosphère qui a entouré les débuts de la législature. Il a évoqué un démarrage « froid, distant, parfois heurté », reflet des fractures encore vives laissées par l’ancien régime et des suspicions tenaces liées au passé récent de certains élus.
Avec le temps, a-t-il souligné, une forme d’entente s’est installée : « Au final, ce qui nous rapproche demeure plus solide que ce qui aurait pu nous séparer. »
Mais, selon lui, le temps et le travail en commun ont permis de transformer les rapports : « Ce qui nous unit est resté plus fort que ce qui aurait pu nous diviser. ». Il a également souligné un fait important : le caractère nominatif du mandat, attribut spécifique à cette Assemblée transitoire.
L’intégration inédite des militaires : de la méfiance à l’estime
Pour la première fois depuis l’indépendance, 145 députés ont siégé à l’Assemblée nationale, dont six militaires : cinq généraux et un colonel.
Chargé de porter la voix de cette composante, l’Honorable Romain Mouélé Mouélé a rappelé les débuts difficiles, les militaires ayant été perçus comme de potentiels « espions du CTRI ». Avec le temps, dit-il, « les préjugés sont tombés » et les relations se sont normalisées. Les militaires ont, selon lui, « fait carrière de députés » et beaucoup appris de cette immersion politique.
La société civile sur le devant de la scène
La conclusion de ces temoignages a été confiée à Marcel Libama, longtemps qualifiée de voix critique par l’ancien « gouvernement autiste ». Il a rappelé la portée symbolique de ce mandat : « On ne naît pas député, on le devient. »
Un hommage appuyé à la participation citoyenne et à la proposition de loi issue de la société civile durant la Transition.
Le discours du Président Ndongou : restaurer, refonder, transmettre
Dans son adresse finale, le président de l’Assemblée nationale de la transition, l’Honorable Jean François Ndongou, a remercié l’ensemble des députés et rappelé que la mission première de cette Assemblée était d’édifier une nouvelle République fondée sur des institutions restaurées.
Il a invoqué les articles 71, 76 et 84 de la Constitution, qui encadrent le calendrier et les modalités de la fin de la Transition.
Il a également annoncé que le bureau de la quatorzième législature sera installé conformément au retour à l’ordre constitutionnel, afin de permettre à l’administration parlementaire de préparer efficacement la reprise institutionnelle.
Un attachement réaffirmé à la démocratie et à l’État de droit
Le président a rappelé que l’achèvement de la transition implique le renouvellement de la Cour constitutionnelle, du Conseil économique, social et environnemental, et du Sénat.
Un bilan législatif dense : 105 textes examinés, 85 adoptés
En 24 mois, l’Assemblée de la Transition a mené un travail qualifié de « remarquable » par son Président :
Textes majeurs adoptés :
- La loi référendaire,
- La Nouvelle Constitution,
- Le Code électoral,
- La loi sur les partis politiques,
- Le Code de la santé,
- La loi sur la nationalité,
- Le statut des greffiers,
- La loi de finances,
- Et plusieurs textes liés à la digitalisation de l’État.
Questions orales et enquêtes parlementaires
11 questions orales ont été adressées au Gouvernement, dont 8 ont reçu une réponse. Elles ont porté sur :
- la gestion foncière,
- le relogement des déguerpis,
- la prolifération du trafic de stupéfiants,
- la situation des archives et de la bibliothèque nationale,
- l’insécurité en milieu scolaire.
3 enquêtes parlementaires ont été conduites, notamment sur :
- la problématique du foncier,
- les conditions d’attribution de la nationalité,
- et l’évaluation des conditions de privatisation de la SNBG.
Une diplomatie parlementaire revigorée
Sur la scène internationale, l’Assemblée nationale de la Transition a mené une diplomatie parlementaire active, visant à rétablir la crédibilité et le leadership du Gabon.
Aucun organisme intercontinental n’a exclu le pays, preuve que les efforts de plaidoyer et la recherche de partenaires fiables ont porté leurs fruits.
Le dernier mot de la Transition
Avec la cérémonie du 13 novembre 2025, la page se tourne sur 25 mois d’une expérience institutionnelle sans précédent.
Une mandature transitoire qui aura permis d’assainir, repenser et reconstruire les fondements de la République, tout en préparant le retour à l’ordre constitutionnel.

