La lutte contre la cybercriminalité franchit un nouveau cap au Gabon. Avec la loi n°027/2023 du 12 juillet 2023 sur la cybersécurité et la lutte contre la cybercriminalité, les autorités ont renforcé les sanctions visant les comportements criminels en ligne. Parmi les infractions les plus graves figurent la détention, la diffusion et l’exposition des mineurs à des contenus pornographiques. Dans un contexte où les échanges numériques se banalisent, beaucoup ignorent encore que certains actes, souvent commis par légèreté ou inconscience, constituent des crimes lourdement punis.
L’article 66 est clair : toute personne qui détient de la pornographie enfantine sur un téléphone, un ordinateur ou tout autre système informatique risque jusqu’à cinq ans d’emprisonnement et 20 millions de francs CFA d’amende. Cette disposition concerne aussi bien les vidéos ou photos enregistrées par curiosité, les contenus reçus dans des groupes privés et volontairement conservés, que les fichiers téléchargés, même sans intention de les partager. La simple détention est un crime : il n’est pas nécessaire d’avoir participé à la production ou à la diffusion pour être pénalement responsable.
L’article 67, quant à lui, punit sévèrement la diffusion ou la facilitation d’accès à des contenus pornographiques pour des mineurs. Toute personne qui montre, partage ou rend accessibles à un mineur de tels contenus encourt jusqu’à dix ans d’emprisonnement et une amende pouvant atteindre 10 millions de francs CFA. Cela inclut les “blagues”, les “défis” entre jeunes, les vidéos envoyées dans des groupes mixtes ou les publications susceptibles d’être consultées par des mineurs. Exposer un enfant à du contenu pornographique est un crime, quelle qu’en soit l’intention.
Dans un pays où les smartphones et les réseaux sociaux sont omniprésents, les autorités insistent sur la nécessité de responsabiliser les utilisateurs. Les partages impulsifs, les comportements imprudents et la circulation massive de vidéos compromettantes dans des espaces numériques privés sont désormais fermement réprimés. Grâce à la traçabilité des appareils et des plateformes, les poursuites peuvent être engagées même lorsque les contenus circulent brièvement ou dans des groupes restreints.
L’ignorance de la loi n’exonère pas de la responsabilité pénale. Les arguments du type “je ne savais pas”, “ce n’était qu’une blague” ou “quelqu’un me l’a envoyé” ne sont pas recevables. La législation considère la détention, la diffusion et l’exposition des mineurs à des contenus pornographiques comme des crimes majeurs, aux conséquences judiciaires, sociales et morales lourdes.
Face à ces infractions, la loi n°027/2023 rappelle un principe simple : protéger les mineurs n’est pas une option, mais un impératif. Dix ans de prison et dix millions de francs d’amende pour la diffusion ou l’exposition d’un mineur, cinq ans et vingt millions pour la détention de contenus illicites : ces sanctions doivent alerter chacun sur la gravité de ces actes. Comprendre et respecter la loi, c’est protéger les enfants, et se protéger soi-même.

