Réuni ce jeudi 4 décembre 2025, le Conseil des ministres burkinabè a adopté un projet de loi instaurant un nouveau code pénal, marquant un virage majeur dans la politique sécuritaire et judiciaire du pays. Parmi les mesures phares adoptées figure le rétablissement de la peine de mort, pour certains crimes jugés graves, un changement radical après l’abolition de cette peine en 2018.
Ce rapport est relatif à un projet de loi portant modification de la loi n°025-2018/AN du 31 mai 2018 portant Code pénal. La modification de cette loi vise à adapter la politique pénale du Burkina Faso au contexte de lutte contre le terrorisme, à la montée de la criminalité transfrontalière et à l’apparition de comportements anti-sociaux contraires aux valeurs culturelles endogènes et au respect des règles de circulation routière.
Selon le gouvernement, cette décision viserait à renforcer la dissuasion face aux menaces que constituent la haute trahison, le terrorisme ou l’espionnage. Le ministre de la Justice, Edasso Rodrigue Bayala, a indiqué que le projet s’inscrit « dans la dynamique des réformes globales du secteur pour une justice qui répond aux aspirations profondes du peuple ».
Outre la réintroduction de la peine capitale et de sa procédure d’exécution, le nouveau texte prévoit un durcissement général des sanctions : les amendes minimales pour les délits sont relevées de 250 000 à 500 000 FCFA, les délits graves notamment économiques pouvant entraîner des peines d’emprisonnement à vie lorsque le montant détourné atteint 5 milliards FCFA ou plus, ainsi que le rehaussement des peines pour infractions à la circulation routière.
Le projet incrimine également les pratiques homosexuelles et assimilées, la polyandrie, l’abattage et l’exportation des asins, camélins et équins et de leurs produits, ainsi que les appels téléphoniques ou messages malveillants réitérés ou agressions sonores visant à troubler la tranquillité et la santé d’autrui ou contre les numéros verts des services publics.
Le Gouvernement justifie cette réforme comme une réponse à l’exigence de sécurité nationale, dans un contexte de montée des menaces terroristes et d’instabilité. Selon le porte-parole, ces mesures viseraient à « instaurer un cadre judiciaire capable de dissuader les crimes les plus graves et de protéger l’intérêt général ».
Ce retour de la peine de mort constitue une rupture importante avec l’approche récente du pays, qui après son abolition en 2018 semblait marcher vers une politique pénale plus réformatrice. Aujourd’hui, la décision ravive les débats nationaux et internationaux sur les droits de l’Homme, la justice, et l’efficacité des sanctions sévères face au terrorisme et à la criminalité.

