Le candidat consensuel de l’opposition, le Pr Albert Ondo Ossa, et le leader du Rassemblement pour la Patrie et la Modernité (RPM), Alexandre Barro Chambrier, fomenteraient-ils de mettre en place une stratégie pour prendre le pouvoir ? C’est ce que laisse entendre la diffusion mardi soir, sur les réseaux sociaux gabonais, d’une conversation privée entre les deux hommes.
En effet, depuis plusieurs heures, un enregistrement vocal laissant entendre une supposée conversation privée entre la principale figure de proue de l’opposition, Albert Ondo Ossa, et le désormais ex-candidat à la présidentielle, Alexandre Barro Chambrier, fuse sur la toile. Dans ce message audio de 22 minutes, les deux hommes discutent de ce qui semble être une véritable stratégie à mettre en place pour prendre le pouvoir, à J-5 du scrutin pour la présidentielle.
Crise post-électorale avec violences, notamment à l’intérieur du pays, pour semer le trouble et déclencher in fine une intervention de puissances étrangères : telles sont les principaux temps forts de leur discussion.
Ainsi, dans ce message audio, on y entend Alexandre Barro Chambrier expliquer s’être organisé afin d’avoir les ressources nécessaires pour mener à bien la campagne électorale. « J’ai eu quelques ressources parce que j’ai fait un audit des groupes pétroliers (en Côte d’Ivoire) qui m’a apporté de l’argent, car j’ai fait rentrer de l’argent dans les caisses d’un état. C’est cet argent-là et puis quelques soutiens parce qu’il y a des gens qui s’intéressent au Gabon. »
Le président du RPM poursuit en soulignant qu’il peut, au besoin, avoir des alliances dans plusieurs pays de la sous-région comme la Côte d’Ivoire et même en Europe, allant jusqu’à citer le nom du président français, Emmanuel Macron : « On va mettre en place la stratégie, on a les mêmes personnes : Fabien, Mathurin et notre fils (Omar Denis). On a déjà étoffé avec d’autres personnes pour mettre en place la stratégie et Ali sait qu’en cas de machin, nous pouvons avoir des alliances que ce soit au Cameroun, en Guinée Équatoriale et même au Congo (…) Moi je peux avoir à travers Macron, avoir des appuis, Ouattara, qui suivent le processus de près. Mais il faut que l’on règle le problème à l’intérieur en créant le rapport de force, c’est vraiment un gros enjeu », insiste-t-il.
On y entend alors le Pr Albert Ondo Ossa s’interroger : « L’extérieur n’intervient que lorsqu’il y a déjà eu des morts. Comment on fait, comment on fait ? », répète-t-il, avant d’ajouter que « les Fangs ont été écartés du pouvoir pendant 60 ans ».
Toujours selon cette note vocale, les deux hommes semblent déjà se projeter sur l’après-campagne et le partage du pouvoir. « Nous sommes maintenant au pied du mur, notre temps est arrivé. Nous allons gérer le pays ensemble, il y a un numéro un, un numéro deux, un numéro trois (…) Je serai à ton écoute, mais le plus important c’est qu’on s’organise, on met le plan pour prendre le pouvoir et tu connais les gens qui peuvent nous accompagner, moi aussi j’en connais quelques-uns (…) c’est un partage du pouvoir et une gestion collégiale qui se fait que nous devons voir ensemble », dixit Alexandre Barro Chambrier à son allié.
La diffusion de cette conversation intervient dans un contexte électoral sans précédent puisque le pays tout entier se prépare à voter par bulletin unique pour 3 scrutins à 1 tour le même jour, à savoir le scrutin présidentiel, les législatives et les élections locales. Alors que les plus hautes autorités du pays en tête desquelles le président de la République Ali Bongo Ondimba, candidat à sa propre succession le 26 aout, prônent la paix et l’harmonie, cet enregistrement fait office d’une bombe, 3 jours seulement après l’annonce officielle par la plateforme Alternance 2023 d’un candidat consensuel en la personne d’Albert Ondo Ossa, candidat indépendant, économiste de formation et ancien ministre de feu Président Omar Bongo Ondimba.