La Chine vient de frapper un grand coup dans l’univers de l’influence numérique. Face à une épidémie d’experts en ligne autoproclamés, le Cyberspace Administration of China (CAC) a imposé une nouvelle réglementation radicale.
Le phénomène est mondial, un simple smartphone suffit aujourd’hui à quiconque pour s’ériger en gourou du développement personnel ou en conseiller santé, générant un flux d’informations dont la fiabilité est souvent douteuse. C’est face à cette dérive que Pékin, après d’autres pays comme la Tunisie avec son « décret 54 », a décidé de rétablir l’ordre.
Ainsi, tout créateur de contenu abordant des sujets sensibles tels que la médecine, le droit, la finance ou l’éducation devra désormais présenter une certification officielle ou un diplôme prouvant sa compétence. Le cœur de la réforme, officialisée par le CAC en janvier 2025 dans son « Projet de règlement sur les activités des institutions de distribution multicanale de contenus en ligne », est clair, la qualification prime l’audience.
Les influenceurs spécialisés ne pourront plus se contenter de leur notoriété. Pour publier des analyses, des conseils financiers ou des opinions médicales, ils devront désormais Fournir aux plateformes « un diplôme, une licence ou un agrément officiel dans le domaine couvert » par exemple, un titre de médecin, d’avocat ou d’analyste financier. Sans cette preuve de qualification, la publication de contenus sur ces thématiques sensibles sera interdite.
Les plateformes et les agences d’influence (Multi-Channel Networks ou MCN) sont désormais au centre du dispositif de contrôle. Elles se voient imposer de nouvelles obligations de diligence notamment la Vérification systématique pour s’assurer que leurs créateurs respectent l’exigence de qualification pour les contenus spécialisés; la Transparence obligatoire afin d’afficher explicitement le MCN auquel chaque compte créateur est rattaché; l’Encadrement des MCN avec les réseaux qui doivent désormais être enregistrés, disposer d’un responsable de contenu et d’une équipe de modération active.
Cette réglementation est une réponse directe à l’explosion des dérives liées à la « monétisation du créateur » et à la course effrénée aux clics, souvent au détriment de l’éthique et de la vérité.
Le texte du CAC cible explicitement les pratiques à risques au nombre desquels, la manipulation des flux et la diffusion de rumeurs; le sensationnalisme et la mise en scène de faux « sujets chauds, click-bait » et l’exploitation de mineurs à des fins commerciales.
En imposant la compétence avec cette mesure qui sera effective ce mois d’octobre, la Chine envoie un message clair au monde, l’ère où le succès en ligne pouvait se construire sans fondement touche à sa fin.

