Lors de la clôture de la 7ᵉ édition du festival « L’Afrique fait son cinéma », le samedi 20 décembre à Paris, le réalisateur gabonais Melchy Obiang a marqué l’histoire du cinéma africain. Avec son dernier long métrage, Le Cœur des hommes, il a remporté deux distinctions majeures : l’« UBUNTU » d’argent du meilleur long métrage africain ainsi que le Grand Prix du Public. Une double consécration qui consacre le talent, l’unité et le professionnalisme d’une équipe gabonaise désormais visible sur la scène internationale.
Le cinéma gabonais n’est plus une promesse : il s’impose. Parmi plus de 400 films en compétition, seuls 19 ont été primés lors de cette édition parisienne. Le Cœur des hommes, production des Studios Montparnasse, figure parmi ces lauréats d’exception. Pour Melchy Obiang, il s’agit de son cinquième trophée international, mais celui-ci a une saveur particulière, tant par sa portée collective que par la reconnaissance du public.
L’unité comme moteur de succès
Contrairement à ses précédentes distinctions, souvent vécues en solitaire, le réalisateur a fait le choix d’emmener à Paris une délégation de dix acteurs. « J’ai voulu qu’ils vivent ces instants formidables », confie-t-il. Au-delà des trophées, Melchy Obiang insiste sur un enjeu fondamental : la professionnalisation du cinéma gabonais.
« Le fait, pour un cinéaste, d’arriver dans un festival international est un tournant. Il y a des masterclass, des sessions de formation, des rencontres extraordinaires avec des producteurs venus du monde entier », explique-t-il. Cette aventure parisienne a ainsi pris des allures de mission diplomatique culturelle, portée par une vision collective. « C’était l’unité, c’était l’équipe. Ensemble, nous irons plus loin », affirme le réalisateur, associant cette réussite à l’image d’un Gabon uni, ambitieux et conquérant.
Une narration maîtrisée et une identité affirmée
Le succès du film « Le Cœur des hommes » repose sur une narration solide et originale, portée par le scénario de John Franck Ondo et de Madame Dolores. En explorant les thèmes sensibles de l’infidélité et de la justice à travers une intrigue dense et captivante, le film interroge les consciences tout en conservant une forte exigence artistique.
Le jury ne s’y est pas trompé, inscrivant sur le certificat de distinction des mots qui résonnent comme une reconnaissance pour toute l’industrie cinématographique gabonaise : « Distinction décernée pour son excellence artistique, sa narration maîtrisée et sa contribution remarquable au rayonnement du cinéma africain ». Le Grand Prix du Public, quant à lui, vient consacrer l’adhésion populaire et l’impact émotionnel du film auprès des spectateurs.
2026 en ligne de mire : cap sur Abidjan
L’année 2025 s’achève sur une note triomphale, mais le repos sera de courte durée. Dès la mi-janvier, les Studios Montparnasse mettront le cap sur la Côte d’Ivoire, où Le Cœur des hommes est déjà doublement nommé à Abidjan dans les catégories Meilleur film africain et Meilleur acteur africain.
Dans cet élan de succès, Melchy Obiang n’oublie pas la relève. Il a tenu à saluer le travail de la jeune réalisatrice Noellis Touré, dont le documentaire Racines était également en compétition. « Bravo à elle, l’œuvre est belle et très prometteuse », a-t-il souligné, rappelant que le cinéma gabonais grandit désormais en famille.
Entre distinctions internationales, formations, nouvelles productions annoncées pour 2026 et compétitions continentales, les Studios Montparnasse confirment une réalité désormais incontestable : le Gabon est un acteur qui compte dans le paysage du septième art africain.

