Le Rwanda a annoncé, lundi 17 mars, la rupture du dialogue avec la Belgique, dans un contexte de tensions autour du conflit en République démocratique du Congo (RDC). Le même jour, l’Union européenne (UE) a annoncé une vague de sanctions contre des chefs militaires rwandais en raison de l’offensive du groupe armé M23, soutenu par Kigali.
C’est en réponse aux sanctions émises par l’Union européenne que le ministre des Affaires étrangères rwandais a annoncé, dans un communiqué de presse, la rupture de tout dialogue avec Bruxelles. « Aujourd’hui, la Belgique a clairement pris parti dans un conflit régional et continue à se mobiliser systématiquement contre le Rwanda dans différents forums, utilisant mensonges et manipulations pour créer une opinion hostile injustifiée à l’égard du Rwanda, dans le but de déstabiliser le pays et la région », a-t-il déclaré.
Pour le Rwanda, le gouvernement belge est le principal instigateur des sanctions européennes et l’accuse d’avoir « pris parti » pour Kinshasa « bien avant et pendant le conflit en cours en République démocratique du Congo (RDC) ». Il l’accuse aussi de vouloir « maintenir ses illusions néocoloniales » et invoque son « rôle historique destructeur dans la création de l’extrémisme ethnique qui a conduit au génocide contre les Tutsis ».
Bruxelles avait demandé, fin janvier dernier, à l’Union européenne d’envisager des sanctions contre le Rwanda, prétextant que ce dernier violerait la souveraineté de la RDC. La Belgique n’avait pas soutenu la nouvelle aide de 20 millions d’euros octroyée en novembre au Rwanda. Elle avait opté pour l’abstention lors d’un vote au Conseil de l’UE.
La Belgique est à la fois une ancienne puissance coloniale tant pour la RDC (ex-Zaïre) que pour le Rwanda, et a notamment été l’un des pays les plus critiques du Rwanda depuis que la rébellion du M23, soutenue par Kigali, a lancé en décembre dernier une offensive dans l’est de la RDC. Cette offensive a conduit à l’envahissement de la ville de Goma, capitale du Nord-Kivu, et de Bukavu, capitale du Sud-Kivu.
« La décision d’aujourd’hui reflète l’engagement du Rwanda à protéger ses intérêts nationaux et la dignité des Rwandais, ainsi qu’à défendre les principes de souveraineté, de paix et de respect mutuel », ajoute le communiqué. Tous les diplomates belges présents au Rwanda sont tenus de quitter le pays dans un délai de 48 heures, a-t-il renchéri.
La Belgique, quant à elle, regrette cette décision qu’elle juge « disproportionnée » et estime qu’elle « illustre que lorsque nous sommes en désaccord avec le Rwanda, il préfère ne pas dialoguer », déplore le ministre des Affaires étrangères belge, Maxime Prévot.