Les récents délestages observés dans plusieurs quartiers de Libreville et à l’intérieur du pays ont suscité de nombreuses interrogations. Le ministre de l’Accès universel à l’eau et à l’énergie a tenu à apporter des éclaircissements sur la situation, tout en rassurant les populations sur le rétablissement progressif du réseau électrique national.
Selon lui, ces interruptions ne sont pas des coupures intempestives, mais des délestages planifiés, nécessaires pour permettre les travaux de raccordement d’une nouvelle centrale flottante. « Comme vous le savez, il y a une centrale flottante du KPS qui a été débranchée le 30 septembre 2025. Elle était alimentée au fioul. Cette centrale devait être remplacée par une nouvelle pour faire passer la puissance de 70 MW à 150 MW », a expliqué le ministre.
Mais lors de cette opération technique, plusieurs incidents sont survenus, empêchant la remise en service dans les délais initialement fixés à quinze jours. En résultat, des perturbations sur la tension et la fréquence du réseau, entraînant des déséquilibres dans la distribution de l’électricité à l’échelle nationale.
Pour remédier à ces difficultés, la société Karpowership (KPS) a dépêché un nouveau bateau, attendu dans les tout prochains jours. Celui-ci viendra ajouter environ 40 MW supplémentaires pour soutenir la phase de réglage dite commissioning de la nouvelle installation. Le ministre se veut optimiste : « Nous pensons revenir à la normale entre le 3 et le 5 novembre 2025 », a précisé Philippe Tonangoye.
Dans un ton à la fois technique et imagé, il a résumé la situation par une formule parlante : « Il était question que nous passions de 70 à 150 MW. Pour ça, il fallait, comme on dit, faire une omelette. Mais les œufs se sont trop cassés pendant qu’on devait avoir cette omelette », a-t-il indiqué.
Au-delà de ces perturbations ponctuelles, le ministre a reconnu la vétusté du réseau électrique national, désormais inadapté aux besoins croissants du pays. « Le réseau est non seulement défectueux, mais il est d’un certain âge. Un réseau, c’est des câbles, des protections, des réglages de fréquence et de tension. Tout doit fonctionner de manière stable », a-t-il souligné.
Le Gabon compte aujourd’hui quatre producteurs d’énergie qui injectent chacun leur propre fréquence et tension dans le réseau, ce qui crée des déséquilibres. Pour y remédier, de grands investissements sont prévus dès 2026 afin de moderniser les infrastructures, renforcer la coordination entre les producteurs et améliorer la qualité de service.
Ces réformes s’inscrivent dans la vision du chef de l’État, Brice Clotaire Oligui Nguema, qui fait de l’accès universel à l’énergie un pilier du développement national. « Les populations doivent simplement faire preuve d’un peu de patience. Les travaux engagés vont permettre de stabiliser durablement le réseau », a conclu le ministre, tout en réaffirmant la détermination du gouvernement à offrir un service public fiable et équitable à tous les Gabonais.