L’écrivain gabonais Alban Désiré Afène a récemment été honoré aux États-Unis par le Grand prix de la Francophonie 2025. Cette distinction, qui vient couronner quinze années d’exigence littéraire, marque un tournant majeur : la reconnaissance internationale d’une plume indépendante qui ose bousculer les codes et explorer les zones d’ombre de notre société.
C’est la cerise sur le gâteau qui pèse lourd dans l’histoire de la littérature gabonaise. En recevant le Grand Prix de la Francophonie 2025 aux USA, Alban Désiré Afène ne récolte pas seulement les fruits d’une carrière entamée il y a une décennie et demie ; il hisse haut les couleurs du Gabon sur l’une des scènes les plus sélectives au monde.
Une victoire pour les auteurs indépendants
Pour l’auteur, ce prix est avant tout la validation d’une démarche qui place le lecteur au centre. « Je visais profondément à toucher et marquer l’esprit des lecteurs », confia-t-il. Mais au-delà de l’émotion, ce sacre américain brise un plafond de verre : celui de l’autoédition.
Alban Désiré Afène n’hésite pas à comparer le sort de l’autoédition à celui de la femme noire dans les concours de beauté internationaux par le passé : une présence essentielle, longtemps privée de la première marche par des mentalités étroites. « Une telle reconnaissance pour quelqu’un ayant publié l’essentiel de sa bibliographie en autoédition donne envie de croire que cette dernière a de beaux jours devant elle », souligne l’écrivain.
Un regard sans tabou sur notre société
L’œuvre d’Alban Désiré Afène se distingue par son courage thématique. Loin des sentiers battus, il explore ce qui fragilise la cellule familiale et le tissu social. Dans son roman « L’amant de Sangomar », il s’attaque frontalement à la sexualité féminine et au rapport au corps de la femme noire, des sujets qui, selon lui, n’auraient pas reçu le même accueil il y a vingt ans.
Avec « Dans le ventre de la nuit », il pose un regard incisif sur la sorcellerie et son emprise sur les sphères familiales et politiques. Pour l’auteur, l’objectif est clair : utiliser le roman comme un miroir pour aider les sociétés africaines à se redéfinir culturellement et à tendre vers le meilleur.
Le renouveau de la littérature gabonaise
Observateur enthousiaste de la nouvelle vague d’auteurs africains, Alban Désiré Afène se voit comme un artisan du changement. Il salue une écriture nouvelle, plus réaliste et moins théâtrale que celle des précurseurs, une littérature où le lecteur retrouve sa propre humanité.
À la nouvelle génération qui souhaite lui emboîter le pas, il livre un conseil fort : si l’édition traditionnelle reste la voie royale, l’autoédition est une alternative sérieuse, à condition de ne jamais sacrifier la qualité. « Il reste essentiel de respecter les exigences et les codes littéraires, tant sur le fond que sur la forme, afin de valoriser pleinement son travail », martèle-t-il. Avec ce prix , Alban Désiré Afène montre que le Gabon possède des talents, qui avec de la rigueur peuvent s’imposer quel que soit le canal de diffusion sur la scène internationale.

