Après avoir été déposé le 30 août 2023 par le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI), Ali Bongo Ondimba a fait une sortie inattendue par courrier. Dans cette missive, il appelle à une réconciliation nationale, à la libération de son épouse et de son fils incarcérés depuis un an, et annonce son retrait de la vie politique.
C’est à travers une lettre largement diffusée dans les médias que l’ancien président gabonais s’est exprimé, laissant parler son cœur. « Abo », comme l’appelaient affectueusement les partisans du Parti démocratique gabonais (PDG), a décidé de mettre un terme à sa carrière politique, se disant conscient de la volonté de ses concitoyens de construire l’avenir avec de nouveaux responsables.
Il affirme avec sincérité ne jamais vouloir constituer une menace, un trouble ou une source de déstabilisation pour le Gabon en cette période de reconstruction.
Reconnaissant les valeurs de la nation gabonaise, il en appelle à l’apaisement et à l’arrêt des violences et des tortures qui, selon lui, seraient infligées à sa famille, en particulier à son épouse et à son fils Noureddin, incarcérés à la suite du coup de libération.
Évoquant sa situation personnelle, Ali Bongo Ondimba dit ne pas être libre de ses mouvements et être soumis à une surveillance quotidienne. Selon lui, ses visites dépendent de l’autorisation des militaires et il se trouve isolé du monde extérieur, sans communication ni nouvelles de sa famille.
Cette prise de parole a des allures de mea-culpa, puisqu’il endosse seul la responsabilité de ses deux mandats à la tête du pays et reconnaît qu’il aurait pu mieux faire, malgré les nombreux efforts et promesses. Sa plus grande douleur, dit-il, reste la souffrance de nombreux gabonais. Il souhaite tourner la page de ce qu’il qualifie de souffrance « intime et nationale » afin que les nouvelles pages de l’histoire du Gabon s’écrivent avec harmonie et humanité, loin de toute vengeance.
« Je suis pleinement conscient de ce qui a été accompli sous ma présidence, comme également des insuffisances dont j’assume seul la responsabilité, tant sur le plan social que s’agissant du fonctionnement de nos institutions », a déclaré l’ancien président.
Élu en 2009 et 2016, Ali Bongo Ondimba a été déposé le 30 août 2023 au terme d’une élection dont il avait été annoncé vainqueur par le Centre gabonais des élections (CGE) pour un troisième mandat. Par cette missive, il choisit de prendre ses distances avec le monde politique, espérant un avenir meilleur pour la nation gabonaise.