Dès les premières lueurs de l’aube, on les aperçoit, balai à la main, ramassant les déchets et nettoyant les avenues pour offrir un environnement plus sain aux habitants du Grand Libreville. Ce sont les balayeurs de rue, des travailleurs souvent invisibles, pourtant indispensables au bon fonctionnement des villes.
Ce métier est fréquemment considéré comme l’un des moins valorisés dans la hiérarchie professionnelle. Il joue pourtant un rôle fondamental dans le maintien de l’hygiène et de la salubrité de l’environnement urbain. « Cela fait cinq ans aujourd’hui que je fais ce métier et, malgré les difficultés, je suis heureux de le faire car je contribue à mon niveau à rendre au Gabon ses lettres de noblesse », déclare Rochellin Mbandji, balayeur de rue.
Ces professionnels travaillent inlassablement pour que les villes demeurent propres, ce qui permet non seulement d’améliorer la qualité de vie des habitants, mais aussi de favoriser un environnement propice au développement économique et touristique. Cependant, malgré leur rôle crucial, ces hommes et femmes exercent dans des conditions souvent difficiles. « Nous voulons bien faire notre travail, mais nous manquons cruellement de matériel et nous ne sommes pas assez protégés », confie un balayeur.
Faiblement rémunérés, exposés aux intempéries et aux risques sanitaires, ils sont trop souvent perçus avec condescendance. « Parfois, certains usagers nous voient comme des sous-hommes », témoigne un autre. Le regard de la société, empreint de préjugés, contribue à marginaliser ces travailleurs, alors même que leur mission est vitale. Cette stigmatisation se manifeste également par un manque de reconnaissance sociale et financière. Le manque de protections adéquates est une réalité que dénoncent plusieurs d’entre eux.
« Bon nombre d’entre nous ne sommes pas assurés et n’avons même pas de contrat de travail », révèle un employé du secteur. « On travaille parfois 7 ou 8 heures par jour pour des salaires qui n’atteignent même pas le SMIC », ajoute-t-il. Ils plaident pour une meilleure valorisation de ces métiers de l’ombre à travers des salaires décents, des équipements de protection et une intégration plus respectueuse dans le tissu social.
Bien que ce travail ne soit pas des plus reluisants, il offre néanmoins une source de revenus pour de nombreuses personnes, souvent issues de milieux défavorisés. Dans un contexte où la quête d’emploi s’apparente à un parcours du combattant, devenir balayeur peut constituer une alternative pour ceux qui cherchent à subvenir aux besoins de leur famille. « Ce n’est pas facile, mais malgré notre faible rémunération, j’arrive à m’occuper de ma famille et de mes besoins », souligne un travailleur. Pour certains, même un emploi peu valorisé est préférable à l’absence totale de revenus, mais cela ne diminue en rien leur aspiration à de meilleures conditions et à la reconnaissance de la valeur de leur contribution.
Pour une société plus inclusive, il est essentiel de changer les mentalités et d’apporter la reconnaissance nécessaire à ces travailleurs. Redonner leur dignité aux balayeurs de rue, c’est aussi admettre que chaque métier a sa place et son importance dans la société. Car sans eux, nos rues seraient impraticables, et notre qualité de vie fortement compromise.