Ce jeudi 12 juin 2025, le porte-parole de la présidence de la République, Théophane Nzame-Nze Biyoghe, a tenu une conférence de presse dans la salle dédiée du Palais Rénovation. Dans cet exercice de transparence voulu par le chef de l’État, plusieurs sujets majeurs ont été abordés, aussi bien sur le plan diplomatique que national.
Premier temps fort de la conférence : la visite d’État de Brice Clotaire Oligui Nguema, à Malabo le 4 juin 2025. Un déplacement hautement symbolique, survenu quelques jours après la décision de la Cour internationale de justice(CIJ) au sujet du différend frontalier entre le Gabon et la Guinée équatoriale.
Face à ce dossier sensible, les deux chefs d’État ont misé sur l’apaisement et la coopération. Un comité d’experts bilatéral a été mis en place pour bâtir une solution concertée, dans le respect des intérêts de chacun.
Mais la visite n’était pas que géopolitique. Elle a permis la signature de plusieurs accords sectoriels : coopération médicale, co-organisation d’événements culturels, manœuvres militaires conjointes… Une dynamique nouvelle entre « Républiques sœurs », dans l’esprit d’une diplomatie africaine pacifique et proactive.
Dans la foulée, le président gabonais a participé à la 26ᵉ session des chefs d’État de la CEEAC, à Sipopo, en appelant ses pairs à ne pas « être spectateurs de leur propre transformation ». Une diplomatie de responsabilité et d’intégration régionale, loin des postures stériles d’antan.
Clap de fin pour l’accord de pêche avec l’Union européenne
Autre annonce majeure : la suspension immédiate de l’Accord de partenariat de pêche durable (APPD) avec l’Union européenne. Une décision motivée par un triple constat : un déséquilibre économique criant, un manque d’impact local et des risques de surexploitation de la ressource halieutique.
Le Gabon ne ferme pas la porte à l’Europe, mais exige une renégociation plus équitable. « Le temps est venu de reprendre la maîtrise de nos ressources », a martelé le porte-parole. Une décision à forte valeur symbolique, sur fond de souveraineté économique retrouvée.
SEEG : six mois pour se réinventer
Sur le plan national, le dossier de la SEEG a logiquement été évoqué. L’entreprise vient de sortir de son administration provisoire, mise en place pour redresser une situation jugée critique. Résultat : un plan d’investissement de près de 1 000 milliards de FCFA est sur la table, pour réhabiliter les centrales, moderniser les réseaux et améliorer la desserte en eau et en électricité.
La nouvelle direction, installée depuis le 3 juin 2025, dispose de six mois pour poser les fondations d’une SEEG réformée, transparente et performante, avec pour objectif de tourner la page des coupures et des scandales.
Vers une économie gabonaise transformée
Au-delà de l’urgence, l’exécutif affiche une volonté de rupture avec l’ancien modèle économique. Deux mesures fortes illustrent ce cap : l’interdiction de l’exportation du manganèse brut d’ici 2029 et celle du poulet de chair importé à l’horizon 2027.
Dans les deux cas, le mot d’ordre est clair : créer de la valeur localement, structurer les filières, former les jeunes, et renforcer la souveraineté économique du pays. Un pari audacieux, mais qui pourrait, s’il est tenu, reconfigurer l’économie gabonaise.
Autre initiative : la mise en place d’une centrale d’achat publique pour lutter contre la vie chère, ainsi que la création de cinq Fonds stratégiques pour financer les priorités nationales dans l’agriculture, l’énergie, l’habitat, les infrastructures et la pêche.
Un cadre politique en refonte
Le porte-parole est également revenu sur l’adoption du projet de loi sur les partis politiques. Ce texte, selon lui, consacre l’assainissement du jeu démocratique, avec des partis tenus désormais à une plus grande responsabilité, transparence et éthique.
Le tout dans un cadre renforcé par une circulaire présidentielle du 8 mai 2025, instaurant une gouvernance rigoureuse, recentrée sur l’efficacité, la collégialité et la reddition des comptes.
Cette conférence de presse aura été dense, marquant un tournant assumé dans la manière de gouverner, de communiquer et de réformer. Diplomatie active, souveraineté économique, exigence de résultats : les lignes sont tracées. Reste à transformer les intentions en actes, et les engagements en réalités palpables pour les gabonais.