À la suite de l’adoption par référendum de la nouvelle Constitution en novembre 2024, marquant l’instauration de la 5ᵉ République au Gabon, la question de la composition et de l’élection de la chambre haute, le Sénat se pose avec d’autant plus d’acuité. Qui élit les sénateurs ?
Au Gabon, que ce soit dans la précédente Constitution comme dans la nouvelle, le Sénat continue d’être « une chambre du Parlement, chargée de représenter les collectivités locales ». Ainsi, les sénateurs sont élus au suffrage universel indirect et seuls les élus locaux (conseillers municipaux, conseillers départementaux ou régionaux), constituent l’électorat pour le Sénat.
Le collège électoral ne comprend pas l’ensemble des citoyens en âge de voter directement pour le Sénat. Cela signifie que le citoyen lambda n’élit pas directement son sénateur.
Dans certains cas, une partie des sénateurs peut être nommée ou désignée, selon les textes antérieurs. Avant 2021, la présidence de la République nommait 15 sénateurs sur un total de 67.
Le fait que les sénateurs soient élus indirectement s’inscrit dans l’idée que le Sénat représente les collectivités territoriales, plutôt qu’une représentation directe de la population générale. Ce système permet d’intermédier entre les niveaux local et national et de donner une voix aux élus locaux au sein du législatif.
La nouvelle Constitution offre l’occasion de revisiter ces modalités pour renforcer la démocratie locale et nationale notamment avec la mise en place d’un nouveau cadre électoral et institutionnel qui modifie la durée des mandats à « cinq ans » et le renouvellement des chambres; le nombre de sièges et la distribution des sénateurs pourrait être redéfinie dans le cadre de la réforme électorale.
Bien que le suffrage indirect soit maintenu, la réforme ouverte en 2025 par l’actualisation du code électoral prévoit peut‑être des ajustements dans le rôle des collectivités ou des modalités d’élection. Une opportunité pour renforcer la représentativité, la transparence et la reddition de comptes des sénateurs devant les électorats locaux.
Le système électoral des sénateurs au Gabon, fondé sur un suffrage indirect, reste en place dans le cadre de la 5ᵉ République. Ce mode de désignation, qui mobilise les élus locaux plutôt que le vote direct des citoyens pour la chambre haute, suscite des questions de légitimité et d’efficacité démocratique.
La réforme constitutionnelle de 2024 offre un moment clé pour revisiter ce mécanisme : améliorer la transparence, ajuster les modalités d’élection et renforcer la connexion entre les sénateurs et les citoyens qu’ils représentent. Dans un contexte de refondation institutionnelle, la vitalité démocratique du Gabon passe aussi par la façon dont sont élus ceux qui siègent au Sénat.

