Dans la nuit du 21 novembre, aux environs de 23 heures, le calme habituel du premier campement situé dans la commune d’Akanda a été tragiquement rompu par un drame. Le corps sans vie de Grace Balo Lucie, alias KIM, une femme âgée de 32 ans, a été retrouvé dans un cours d’eau jouxtant son habitation. Vendredi 29 novembre, les deux principaux suspects dans cette affaire ont été déférés au tribunal de Libreville.
Huit jours après cette macabre découverte, la gendarmerie du Cap Estérias a présenté les présumés meurtriers : Abraka Joalet Romaric, compagnon de la victime, et Akoumbou Foungues David, oncle de ce dernier, au parquet de Libreville.
Une version des faits confuse
Lors de son audition, Abraka Joalet Romaric a nié être directement responsable de la mort de Grace Balo Lucie, tout en incriminant son oncle. Voici sa déclaration :
« Non, ce n’est pas moi qui ai tué Kim. C’est lui [mon oncle] qui avait prémédité cet acte parce qu’elle insultait sa mère. À plusieurs reprises, je suis intervenu pour les séparer lorsqu’il la brutalisait. Ce soir-là, quand elle est venue, je ne l’ai pas croisée. Si je l’avais croisée, cela ne se serait pas passé ainsi, car je dormais. Mais lui, il était ivre, il en a profité. C’est cet homme qui a tué Kim. Moi, j’étais au travail quand on m’a appelé pour m’annoncer que Kim est morte. Il a emmené son corps à la rivière. Je ne sais pas s’il l’a assommée avant, par derrière ».
De son côté, Akoumbou Foungues David, également mis en cause, a donné une version différente des faits :
« C’est lui [Joalet Romaric] qui a tué sa propre compagne. J’ai entendu des bruits, elle criait : “Laisse-moi, laisse-moi, laisse-moi”. Je ne me suis pas impliqué parce que je savais que c’était leur couple. Puis, il y a eu un silence absolu. À un moment donné, j’ai entendu un bruit sourd, et il est sorti de la maison. Il a regardé à gauche et à droite. C’est à ce moment-là que je me suis levé de l’endroit où j’étais assis. Il m’a fait signe en langue et m’a dit : “Okulu, viens, viens”. Quand je suis entré, je lui ai demandé ce qui s’était passé. Il m’a répondu qu’elle lui avait demandé 1 000 francs pour aller acheter quelque chose, ou qu’il l’accompagne. Il ne voulait pas. Alors, il l’a poussée et elle est tombée », a-t-il indiqué.
Et l’oncle d’ajouter : « quand je lui ai proposé qu’on prévienne les voisins ou les parents proches, il a refusé en disant : “Non, on va croire que tu es mon complice”. Ensuite, il m’a demandé de l’aider à déplacer le corps. On a transporté la fille, enveloppée dans un drap vert. Lui était devant, et moi derrière. C’était à quelques mètres de chez lui, juste derrière sa maison. Là, il a pris le corps et l’a jeté dans le cours d’eau. À ce moment-là, la marée était un peu haute ».
La famille réclame justice
Face aux incohérences des témoignages des suspects, la famille de Grace Balo Lucie réclame justice. Lydie Nzolamesso Mouloungui, sœur aînée de la victime, s’est exprimée :
« Cela faisait six mois qu’ils vivaient ensemble. Elle passait deux jours chez lui, puis retournait parfois à la maison. Jusqu’à présent, nous, sa famille, ignorons ce qui s’est vraiment passé. Nous demandons justice pour notre sœur. Elle est morte dans des conditions atroces. Nous n’avons aucune nouvelle des familles des suspects. Nous voulons que justice soit rendue ».
Une tragédie qui interpelle
Alors que le bilan sécuritaire de l’année était jusque-là marqué par une relative stabilité, ce drame rappelle la nécessité de renforcer les mesures de sécurité, notamment pour prévenir de tels événements à l’avenir.
L’enquête se poursuit pour établir les responsabilités et faire la lumière sur cette affaire sordide.