Au Gabon, comme dans de nombreux pays, les violences faites aux femmes demeurent un fléau préoccupant. Selon les derniers chiffres disponibles, près de 90 % des femmes auraient déjà été victimes de violences sexuelles. Un phénomène alarmant qui appelle une action résolue des autorités pour prévenir ces crimes et améliorer la prise en charge des victimes.
La loi du silence entretient trop souvent ces violences. Dans une société où ce sujet reste tabou et n’est abordé qu’à voix basse, témoigner relève d’un immense courage pour les victimes. Beaucoup préfèrent se taire, par culpabilité, par honte ou par peur. « J’ai été abusée par mon beau-père depuis l’âge de 11 ans. Aujourd’hui, j’en ai 23 et je n’ai jamais eu le courage d’en parler, même pas à ma mère, car son mari me terrorisait », confie une victime.
Au-delà d’une grave atteinte aux droits humains, ces violences constituent une véritable crise de santé publique, compromettant notamment l’éducation de nombreuses jeunes filles, souvent contraintes à l’abandon scolaire. « J’étais tellement perturbée que je n’arrivais plus à me concentrer en classe. Je sortais de la maison en tenue d’écolière, mais au lieu d’aller à l’école, je me réfugiais ailleurs », témoigne une autre victime.
Face à ce constat, les autorités s’appuient sur la loi n°006/2021 du 6 septembre 2021 portant élimination des violences faites aux femmes, afin de renforcer la protection et le suivi des victimes. Selon Hynnel Verley Mawele Mbembou, psychologue clinicien et psychopathologue, plusieurs mesures ont été mises en place : « L’État fait tout son possible pour accompagner ces personnes, avec notamment la création d’un centre destiné à écouter, accompagner, héberger et réinsérer les victimes. Un numéro vert a été mis à disposition pour les dénonciations anonymes, ainsi que des structures hospitalières pour les examens médicaux, et le Centre National de Santé Mentale de Melen pour l’accompagnement psychologique ».
Il ajoute : « En tant qu’experts, nous assurons un suivi psychologique, parfois pluridisciplinaire. Nous posons un diagnostic et encourageons la victime, en fonction de la situation, à porter plainte ou à effectuer d’autres consultations médicales ». Qu’elles soient physiques, psychologiques ou verbales, les violences faites aux femmes doivent être éradiquées. Ce combat exige une volonté collective et des transformations sociales profondes pour garantir la sécurité et l’égalité des droits de toutes. Il est urgent de briser le mur du silence et de construire un avenir où chaque femme peut vivre librement et en sécurité.