En marge de la sortie de son premier album intitulé Ubiquité, le rappeur Donz’er s’est confié à Gabon 24 dans un entretien exclusif. Celui qui se fait surnommer « Le Père de la Chose » ou encore « El Pololo » est revenu sur sa carrière, son style musical et sa rivalité avec L’oiseau rare.
Gabon 24 : Pouvez-vous nous faire une brève présentation de vous ?
Donz’er : Moi, c’est « El Pibe de oro », « El Pololo », « Le papa de cette histoire », « Le Père de la Chose », Donz’er. À l’état civil, c’est Bobeau Angouanda David Ezechiel, je suis un citoyen lambda, un jeune gabonais fraîchement diplômé et au chômage [rires ndlr].
Gabon 24 : Quelle est l’histoire derrière le choix de votre pseudonyme « Donz’er » ?
Donz’er : Le nom Donz’er est composé de « Don » qui fait référence aux parrains de la mafia et de « Zer » qui renvoie à la rue et donc Donz’er signifie en quelque sorte « le Boss de la Rue ».
Gabon 24 : Vous êtes aussi connu sous le nom de « Père de la Chose ». D’où vous vient ce surnom ?
Donz’er : Cette appellation est purement égotrip. Au début c’était juste pour rigoler et c’était également un moyen de me mettre en avant. Je suis certes un des pionniers de ce style musical et j’ai apporté ma pierre à l’édifice, mais, en toute modestie, il serait prétentieux pour moi de dire que je suis « Le père de la Chose ».
Gabon 24 : Votre album s’intitule « Ubiquité » : pourriez-vous nous expliquer la signification de ce titre ?
Donz’er : L’ubiquité est la faculté d’être présent partout à la fois ou en plusieurs lieux en même temps et cela correspond parfaitement à l’esprit que l’on voulait donner à l’album. Dans cet opus je suis sorti de ma zone de confort, j’ai surpassé mes limites sur le plan musical, je me suis adapté à d’autres styles et j’ai embrassé d’autres horizons.
Gabon 24 : Parlons de la pochette de votre album. À quoi fait-elle référence ou que symbolise-t-elle ?
Donz’er : Cette pochette est particulière, car elle a été faite par un jeune peintre gabonais résidant en France, en l’occurrence Charles Bourdette. Il s’est attelé à concevoir une œuvre qui correspondait le mieux à l’album et m’a expliqué son sens. Les quatre bras renvoient à la mythologie indienne, la couronne rappelle « Le père de la Chose ». J’ai rajouté la forme du « U » pour faire référence au titre de l’album. Le geste du cœur signifie qu’un « Père » doit avoir un grand cœur pour encaisser les coups de la vie.
Gabon 24 : Dans cet album, quel message spécifique souhaitez-vous transmettre à votre public ?
Donz’er : Le message derrière cet album c’est qu’un artiste doit se surpasser, aller au-delà de ses limites et sortir de sa zone de confort. Ce qui explique la variété de styles de musique qui composent cet album. Donz’er est un artiste avec un grand « A », aussi bien sur le plan musical qu’autre chose. Dans « Ubiquité », j’ai composé des musiques avec le beatmaker et j’ai apporté des finitions dans la réalisation de la jaquette.
Gabon 24 : Quelles sont vos principales influences musicales ?
Donz’er : Je ne fais pas de fixette sur certains styles, j’écoute toutes les musiques. J’ai grandi en écoutant du gospel vu que j’étais dans une chorale, mais aussi du hip-hop que j’écoutais lorsque je me rendais chez ma maman, à Akébé, un quartier du 3e arrondissement de la commune de Libreville. J’ai donc grandi dans deux univers différents et c’est cette fusion qui a influencé mon style.
Gabon 24 : Pouvez-vous nous expliquer ce qu’il s’est passé lors du faux lancement de votre album sur Spotify ?
Donz’er : La sortie précipitée de l’album sur Spotify était une erreur de la plateforme. Il y a eu un mauvais traitement de l’information de Spotify, car l’album devait être publié initialement sur toutes les plateformes de streaming. Lorsque la structure qui distribue s’est rendu compte de l’erreur, elle a interpellé Spotify pour alerter du problème, et la plateforme a automatiquement supprimé l’album. Nous avons pu rattraper cette erreur et avons fait passer une annonce. Mais, ce dérapage nous a tout de même servi, car il a fait un buzz sur la toile. Actuellement, l’album est disponible sur toutes les plateformes musicales, y compris Gstore.
Gabon 24 : Considérez-vous le « Gstore d’or » comme un objectif majeur pour vous et pouvez-vous nous parler de vos ventes et du nombre de streams jusqu’à présent ?
Donz’er : Ce n’était pas un objectif, mais nous l’avons atteint et ça nous fait plaisir, parce que nos efforts sont récompensés et c’est aussi un grand pas pour la culture urbaine gabonaise, car notre public consomme beaucoup de musique d’ailleurs et néglige les artistes locaux. Pour les chiffres, le jour de la sortie de l’album, nous avions dépassé les 2000 ventes en 15 minutes, mais il y a eu un bug sur le site de Gstore à cause d’un nombre trop important d’acheteurs connectés en simultané. À ce moment-là nous avions déjà le Gstore d’or, mais les chiffres ont été remis à zéro parce que les serveurs ont été endommagés et ont donc dû être changés. Sur Spotify, nous étions à 14 milles streams en moins de 24h. Nous n’avons pas le même pouvoir d’achat que d’autres ni la même démographie et savoir que plus de 1000 personnes achètent de la musique en ligne de la musique c’est déjà un grand pas et on ne peut que saluer l’action de Gstore.
Gabon 24 : Ne pensez-vous pas que votre musique fait l’apologie du banditisme ?
Donz’er : Dans ma musique j’essaie juste de vulgariser l’argot parce qu’il fait partie de notre culture. Mes textes sont une caricature, une manière de présenter la rue telle qu’elle, d’exposer tout ce qui se passe en société. Ce n’est pas un appel à la violence. Si certains individus s’identifient à cela, c’est parce que chacun s’identifie à ce qu’il vit. La musique à ce côté émotionnel qui réveille nos émotions, mais j’ai toujours condamné ceux qui faisaient des mauvaises choses.
Aujourd’hui, la jeunesse est obnubilée par un des styles de vie occidentaux. Il y a une crise identitaire en Afrique en général. La mondialisation a perverti nos mœurs et nos valeurs. Certains jeunes prennent pour modèles des pseudos influenceurs et artistes qui ne partagent les valeurs africaines.
Gabon 24 : À l’approche de la nouvelle année, quels sont vos projets ou surprises prévus pour vos fans ?
Donz’er : L’un de mes projets pour l’année à venir, c’est de faire des clips d’une grande partie des musiques de l’album. Je souhaite également organiser un « concert spécial album ». Pour la suite, tout peut arriver et l’avenir nous le dira, mais pour l’instant nous sommes focus sur l’album et sur un potentiel concert.
Gabon 24 : Quels sont vos objectifs pour votre carrière ?
Donz’er : En tant qu’artiste, j’ai une durée déterminée et je ne compte pas m’éterniser là. J’ai un objectif clair pour la suite de ma carrière. Je souhaite rester dans l’industrie, mais plus en tant que rappeur, mais peut-être dans la peau d’un producteur pour accompagner les artistes.
Gabon 24 : Quelle relation entretenez-vous avec L’oiseau rare et prévoyez-vous une future collaboration avec lui ?
Donz’er : Notre relation est purement platonique. Au début nous nous parlions et il n’y avait aucun problème, mais les fans ont créé une pseudo rivalité entre nous. Je n’ai jamais considéré personne comme un rival. Cela fait 6 ans que je fais de la musique et je n’ai jamais jalousé un artiste pour son succès. L’oiseau rare est un artiste normal et j’écoute sa musique. Nous ne sommes pas amis, mais il n’y a aucune ambiguïté ou animosité entre nous.
Je reste ouvert à toute proposition et je n’ai jamais refusé de featuring. Il y a quelque temps de cela, il m’a interpellé sur ma page Facebook, mais je n’y avais pas prêté attention, parce que je ne lis pas ce qui se dit sur la toile. Cependant, il sait comment me joindre, il a mon numéro de téléphone et mes réseaux sociaux. Je n’ai aucun souci à lui parler. La preuve, je le faisais quand j’écoutais sa musique, pour lui signifier que « j’aime le son ». Je ne m’attarde pas sur les rivalités, cela ne m’intéresse pas.