Dans les rayons des supermarchés, sur les étals des marchés ou dans les petites boutiques de quartier, un constat s’impose : les produits périmés continuent de circuler, parfois en toute impunité. Surgelés, viandes, conserves, lait en poudre, jus, biscuits, cosmétiques, voire médicaments, le phénomène reste inquiétant. Et dans un contexte où chaque franc compte, beaucoup de consommateurs ferment les yeux, parfois volontairement, sur la date de validité.
Au Gabon, les fins de mois difficiles poussent souvent à faire des choix risqués. Dans certaines enseignes, les produits dont la date de péremption approche sont vendus à prix cassés. Pour beaucoup, c’est l’occasion d’économiser sur un panier devenu de plus en plus cher. Le problème, c’est que “presque périmé” finit souvent par “impropre à la consommation”. Et dans les marchés informels, le risque est encore plus grand : les étiquettes sont parfois illisibles, effacées, ou tout simplement inexistantes.
Pour certains vendeurs, ces pratiques relèvent du simple “déstockage”. Mais en réalité, elles exposent les consommateurs à de sérieux dangers sanitaires : intoxications alimentaires, troubles digestifs, réactions cutanées… Des conséquences souvent ignorées ou tues, faute de plaintes officielles.
Des contrôles insuffisants et peu dissuasifs
La Direction générale de la consommation et de la concurrence (DGCC), l’Agence gabonaise de sécurité alimentaire (AGASA) mènent régulièrement des opérations de saisie. Mais ces contrôles restent sporadiques, concentrés sur la capitale, et rarement suivis de sanctions exemplaires. Une fois la campagne terminée, les habitudes reprennent et les magasins ouvrent à nouveau, comme si de rien n’était. Le manque de moyens logistiques et humains, la prolifération des circuits parallèles et la faiblesse des amendes prévues entretiennent cette impunité.
Face à cette situation, la responsabilité ne revient pas qu’à l’État. Les consommateurs ont aussi un rôle majeur à jouer. Vérifier les dates, lire les étiquettes, refuser les produits douteux et signaler les cas suspects sont des gestes simples, mais décisifs. Il faut surtout briser l’idée que “moins cher” vaut forcément le risque. Économiser sur un produit alimentaire qui ne passera peut-être pas la semaine, c’est reporter le coût sur sa santé et parfois sur celle de ses enfants.
Construire une culture de la sécurité alimentaire
Vérifier une date de péremption, c’est bien plus qu’un réflexe : c’est une culture. Une manière de dire que notre santé compte, que la qualité de ce que nous consommons n’est pas négociable. Dans un pays où l’on parle de souveraineté alimentaire et de transformation locale, cette culture doit devenir un pilier.
Les consommateurs doivent être mieux informés, les vendeurs mieux formés, et les contrôles rendus plus réguliers et plus sévères. Car un produit périmé n’est pas une simple négligence commerciale : c’est une atteinte directe à la santé publique. Et dans ce domaine, aucune économie ne justifie le risque.