La Journée mondiale de la santé mentale, célébrée le 10 octobre dernier, a rappelé à quel point le bien-être psychologique est essentiel à la stabilité des sociétés. Au Gabon, le sujet s’impose peu à peu dans le débat public, après avoir longtemps été relégué au second plan. Entre avancées institutionnelles, défis persistants et initiatives locales encourageantes, la santé mentale demeure un chantier prioritaire en quête de reconnaissance.
Longtemps marginalisée dans les politiques publiques, la santé mentale bénéficie désormais d’une attention croissante des autorités sanitaires. Sous la conduite du ministère de la Santé, plusieurs actions ont été engagées pour améliorer la prise en charge des troubles psychiques. La réhabilitation du Centre national de santé mentale (CNSM) de Melen, la dotation en matériel adapté et la formation continue du personnel figurent parmi les efforts les plus notables. Ces initiatives visent à redynamiser une structure longtemps confrontée au manque de ressources humaines et techniques.
En 2025, le ministère de la Santé a également entrepris de rapprocher les soins des populations de l’intérieur du pays. Le Centre hospitalier régional (CHR) de Mouila, dans la Ngounié, dispose désormais d’une unité spécialisée en santé mentale, appuyée par le CNSM de Melen. Cette initiative pilote illustre la volonté des autorités de décentraliser l’accès aux soins, afin de réduire les inégalités et d’assurer une prise en charge plus équitable sur l’ensemble du territoire.
Mais au-delà des infrastructures, les spécialistes insistent sur la prévention et l’éducation. Selon un psychologue du travail et des organisations, les traumatismes vécus dès l’enfance, violences, négligence ou abus, ont des conséquences durables sur le développement émotionnel et physique. Sans prise en charge précoce, ces troubles s’enracinent à l’âge adulte et pèsent sur la cohésion sociale.
Conscient de ces enjeux, le gouvernement prévoit dans son plan d’action 2025-2027 de renforcer la sensibilisation à travers les médias, les établissements scolaires et les structures communautaires. L’objectif est clair : briser le tabou qui entoure la santé mentale et encourager la consultation dès les premiers signes de détresse. Un partenariat avec l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) est également à l’étude pour appuyer la formation de nouveaux psychologues et consolider le réseau national de soins.
À plus long terme, plusieurs leviers s’imposent : poursuivre la réhabilitation des infrastructures existantes, étendre les unités psychiatriques régionales, et recruter davantage de spécialistes, psychiatres, psychologues et infirmiers en santé mentale. L’éducation communautaire doit aussi être renforcée pour combattre la stigmatisation et faire de la santé mentale une cause collective.
Le Gabon avance lentement, mais sûrement. Si les défis restent considérables, les efforts amorcés traduisent une réelle volonté politique. À terme, cette dynamique pourrait positionner le pays parmi les États africains ayant fait de la santé mentale un pilier de leur politique de santé publique, un pas décisif vers une société plus équilibrée, plus inclusive et résolument tournée vers le bien-être de tous.