Entre vols de compteurs d’eau, branchements illégaux et manipulations frauduleuses, la La Société d’Énergie et d’Eau du Gabon (SEEG) tire la sonnette d’alarme. L’entreprise, déjà confrontée à des contraintes techniques et financières, fait face à une recrudescence inquiétante d’actes de vandalisme et de fraudes qui menacent directement la continuité du service public de l’eau et de l’électricité.
Ces dernières semaines, plusieurs secteurs de Libreville et de ses environs ont enregistré une multiplication des vols de compteurs d’eau. Une situation qui porte un coup sévère au service public : « fuites, coupures imprévues, risques sanitaires liés à la contamination de l’eau », sans oublier l’interruption brutale de l’approvisionnement pour des milliers de familles.
Chaque compteur volé représenterait un coût important pour la SEEG, qui doit procéder à son remplacement et réparer les dommages causés aux installations. Ces dépenses imprévues pèsent lourdement sur une trésorerie déjà fragilisée, au détriment des investissements nécessaires pour moderniser et étendre les réseaux.
Une fraude massive qui touche toutes les couches de la société
Au-delà des vols de compteurs, la SEEG doit faire face à une fraude généralisée devenue un véritable fléau national. Particuliers, entreprises, parfois même des institutions, aucune catégorie n’est épargnée. Les techniques sont multiples : branchements directs, shunts, compteurs inversés, phases bloquées, absence de plombs, extensions sauvages entraînant des pertes colossales.
Selon la SEEG, « entre 30 et 40 milliards de francs CFA de recettes s’évaporent chaque année à cause de la fraude ». Rien que dans le Grand Libreville, pour la seule électricité, elle est estimée à « plus de 2 milliards de francs CFA par mois ».
Des conséquences lourdes : réseaux surchargés, accidents, baisse de qualité
La fraude ne se limite pas aux pertes financières. Elle provoque également des surcharges sur les réseaux, des baisses de tension, des interruptions non maîtrisées, et contribue à la dégradation globale du service pour tous les usagers.
Les chiffres sont alarmants : près de 30 % du parc de compteurs est concerné, soit environ un client sur trois dans certaines zones. Lors d’une opération de contrôle menée en 2024, « 209 cas de fraude ont été détectés sur 780 branchements en seulement trois jours ».
Ces installations clandestines représentent aussi un danger pour la sécurité des personnes. Elles favorisent l’apparition de réseaux anarchiques, exposent les habitants à des risques d’incendie ou d’électrocution, et dégradent l’esthétique des quartiers.
Une pression financière qui menace la modernisation des infrastructures
La baisse de revenus liée à la fraude réduit drastiquement la capacité de la SEEG à investir dans l’entretien et l’extension de ses installations. À mesure que les pertes augmentent, la charge financière repose sur un nombre de clients honnêtes de plus en plus restreint, créant un déséquilibre économique qui fragilise l’ensemble du modèle.
Moins de ressources signifie moins d’entretien, moins de modernisation, et donc un service plus vulnérable aux pannes et perturbations.
Des mesures renforcées et un appel à une mobilisation nationale
Face à l’ampleur du phénomène, la SEEG assure avoir intensifié ses actions. Les équipes de contrôle ont été renforcées, les opérations de régularisation multipliées et une campagne de sensibilisation lancée. De nouvelles opérations sont annoncées dans les jours à venir.
L’entreprise prévient qu’elle poursuivra sans relâche les filières de vol, les receleurs et tous les individus impliqués dans ces actes. Des actions judiciaires systématiques seront engagées pour obtenir réparation et recouvrer les coûts engendrés.
Mais la SEEG insiste : la lutte contre la fraude ne peut être gagnée seule. Elle appelle à une mobilisation collective : « les pouvoirs publics, pour renforcer la répression des infractions ; les collectivités locales, pour sensibiliser et mener des actions de proximité; les citoyens, pour signaler les comportements suspects, dénoncer les fraudes et adopter des pratiques responsables ».
Au moment où le Gabon cherche à renforcer son accès à l’eau potable et à fiabiliser son réseau électrique, la fraude constitue l’un des plus grands obstacles à surmonter. La SEEG rappelle que la protection des installations est une responsabilité partagée et qu’une action coordonnée est essentielle pour garantir un service public fiable, sécurisé et durable.

