Longtemps confronté à une augmentation inquiétante des importations, à la circulation d’aliments à la qualité douteuse et à la prolifération de produits impropres à la consommation, le gouvernement gabonais, par le biais de l’Agence gabonaise de sécurité alimentaire (AGASA), réagit en lançant un programme triennal stratégique intitulé « Ambition 2025 – Perspective 2027 ». Ce programme vise à renforcer les contrôles, à moderniser les outils de surveillance et à garantir la santé des consommateurs.
Par ce projet, le Gabon souhaite franchir une étape importante dans sa politique de sécurité alimentaire. Depuis de nombreuses années, les marchés locaux sont confrontés à une montée considérable des produits alimentaires non conformes, souvent importés sans traçabilité ni respect des normes sanitaires en vigueur dans le pays.
« Nous voulons que d’ici 2027, il y ait zéro pénétration des produits impropres à la consommation sur notre territoire », a déclaré Jean-Delors Biyogue Bi Ntougou, directeur général de l’AGASA. Cette situation préoccupante, aux conséquences potentiellement graves pour la santé publique, a conduit les autorités à prendre des mesures structurelles drastiques et durables.
C’est dans cette optique qu’a été mis sur pied le projet « Ambition 2025 – Perspective 2027 », une initiative qui a pour objectif de réformer en profondeur les mécanismes de contrôle alimentaire sur l’ensemble du territoire national. « Nous allons intensifier les contrôles et les missions d’inspection, qui devraient nous amener à la saisie des produits impropres à la consommation et à leur destruction systématique pour ne pas mettre les populations en danger », a-t-il renchéri.
Les autorités ont fait le choix de resserrer les contrôles, aussi bien aux frontières que sur les marchés. Pour ce faire, des équipements à la pointe de la technologie seront mis à contribution pour effectuer des analyses rapides et efficaces sur le terrain.
Par ailleurs, au sein même de l’AGASA, de grandes réformes sont mises en place afin de sanctionner les agents indélicats qui pourraient mettre en péril la bonne marche de ce projet. « Sur le plan interne, nous avons renforcé les statuts de l’AGASA en prévoyant des sanctions liées aux attitudes indélicates que les agents pourraient adopter », a-t-il ajouté.
De plus, des campagnes d’information et de large sensibilisation du public seront entreprises pour encourager la vigilance et informer sur les risques liés aux produits non conformes. « Nous sommes en train de réactiver notre numéro vert, le 1411. Il permettra aux opérateurs économiques et aux populations témoins de pratiques illégales ou non éthiques, aussi bien de la part des agents que des opérateurs économiques, de nous les signaler pour que nous puissions agir. C’est ce que nous appelons la surveillance participative », a-t-il souligné. Des collaborations renforcées avec les opérateurs économiques et les collectivités locales sont également prévues pour une action plus cohérente.
Plusieurs saisies récentes de produits impropres à la consommation, la fermeture de certains magasins ainsi que l’interception de cargaisons alimentaires dans les ports et sur les axes routiers ont confirmé l’ampleur du phénomène. « Cela implique que nous intensifions les contrôles au niveau des frontières – ports, aéroports et frontières routières – qui sont les lieux d’entrée des produits, pour que des produits impropres à la consommation n’entrent plus sur notre territoire », a-t-il révélé.
Avec la mise en place de ce projet, le Gabon entend réaffirmer sa volonté de placer la santé publique au cœur de ses priorités et de faire de la sécurité alimentaire un enjeu stratégique national, pour qu’elle devienne un pilier essentiel du développement durable et de la souveraineté économique du pays.