C’est une victoire symbolique mais surtout institutionnelle pour les greffiers gabonais. Le mardi 17 juin 2025, l’Assemblée nationale a adopté à la majorité le projet de loi portant statut particulier des greffiers, mettant ainsi un terme à des années de revendications restées sans suite. Une avancée majeure pour cette catégorie de personnel judiciaire, longtemps reléguée aux marges du système.
Déposé en procédure d’urgence, le texte défendu par le ministre de la Justice, Séraphin Akure Davain, avait été examiné en détail par la Commission des lois, des affaires administratives et des droits de l’Homme, avant d’être soumis au vote en plénière. Il vient actualiser un cadre juridique qui datait de 1993, à une époque où le fonctionnement de la justice gabonaise était bien différent de celui d’aujourd’hui.
Une réponse attendue à une grève marquante
Cette réforme fait suite à la mobilisation d’envergure engagée en janvier dernier par les greffiers du pays, réunis notamment au sein du Syndicat national des greffiers du Gabon (Synagref) et du Syndicat des greffiers du Gabon (SGG). Leur grève avait fortement perturbé l’activité judiciaire dans plusieurs juridictions. Ils dénonçaient un mépris persistant à l’égard de leurs conditions de travail, l’absence de dialogue avec les autorités et un statut devenu obsolète.
Leur mouvement avait été suspendu à la suite d’une médiation conduite par le médiateur de la République et d’un échange avec le chef de l’État, Brice Clotaire Oligui Nguema. Ce dernier s’était engagé à faire évoluer la situation dans les meilleurs délais.
Des attentes désormais tournées vers le Sénat
L’adoption par l’Assemblée nationale marque donc un tournant. Dans les tribunes du Parlement, plusieurs représentants des greffiers ont salué une « avancée significative » et exprimé leur satisfaction devant ce qu’ils considèrent comme une réparation historique. Pour eux, il ne s’agit pas seulement d’un geste politique, mais d’une reconnaissance officielle de leur rôle dans le bon fonctionnement de la justice.
Reste maintenant à franchir la prochaine étape : l’examen du texte par le Sénat. Si ce dernier l’adopte en des termes identiques, la balle reviendra alors dans le camp du président de la République, appelé à promulguer la loi.
En attendant, les greffiers espèrent que cette avancée ne restera pas sur le papier. Ils appellent à une mise en œuvre rapide, concrète et conforme à l’esprit du nouveau statut, qui pourrait ouvrir une ère nouvelle pour ce corps essentiel mais souvent invisible de l’appareil judiciaire gabonais.