Malgré une succession de réformes et de dispositifs de sécurité, la violence continue de gangrener les établissements scolaires. Entre agressions, trafic et climat d’insécurité, les écoles peinent à rester des lieux d’apprentissage et de sérénité. L’école, censée former et protéger, semble aujourd’hui dépassée par cette spirale inquiétante.
Les faits parlent d’eux-mêmes : altercations, menaces, bagarres et agressions graves se multiplient dans les établissements scolaires. Face à cette montée de la violence, le ministère de l’Éducation nationale a déployé plusieurs initiatives ambitieuses. Une brigade scolaire composée de civils avait d’abord été créée pour renforcer la sécurité, mais cette mesure a rapidement montré ses limites : les agents, confrontés à plusieurs mois de salaires impayés, ont fini par provoquer la dissolution du dispositif.
Par la suite, un partenariat a été signé avec la police nationale afin de renforcer la présence des forces de l’ordre dans et autour des établissements et dissuadé certains comportements. Des fouilles de sacs ont également été instaurées pour prévenir l’introduction d’armes blanches ou de stupéfiants. Pourtant, malgré la succession de ces dispositifs, les résultats tardent à se faire sentir et le climat de tension continue de peser sur la vie scolaire, mettant en danger apprenants, enseignants et les membres de l’administration.
Sur le terrain, les équipes éducatives tirent la sonnette d’alarme.« Il y a deux semaines de ça, un de nos élèves a tapé son camarade à la tête avec sa gourde métallique, faisant 7 points de sutures à ce dernier » a déclaré une surveillante dans un établissement primaire de la place. Les surveillants généraux et conseillers d’orientation se disent débordés et incapables de gérer à la fois les conflits du quotidien et les situations de crise.« C’est pour ça que notre direction a interdit l’entrée de gourdes métalliques ainsi que tout autres objets susceptibles de blesser un élève » a renchéri la surveillante. Dans certains établissements, de véritables bandes organisées s’affrontent parfois même avec des armes blanches, conduisant quelquefois à des drames.
Derrière cette montée de la violence se cache une réalité plus complexe : perte de repères, fragilisation du lien social, inégalités grandissantes, manque de dialogue entre familles et institutions. « De nombreux parents ne jouent plus leurs rôles d’éducateurs au sein de leurs familles, ils préfèrent laisser toute la charge à l’école.», a révélé Mme Andrea Douvendi. L’école, souvent seule en première ligne, peine à remplir son rôle éducatif face à une société où la violence s’est banalisée et les parents semblent avoir démissionné.
Face à la recrudescence d’actes de violence en milieu scolaire, de nombreuses voix appellent désormais à un changement de paradigme. Plutôt que de multiplier les mesures sécuritaires, ils plaident pour une approche globale, centrée sur la prévention, la médiation et la reconstruction du vivre-ensemble. Car, rappelons-le, on ne supprimera pas la violence dans les établissements à coups de décrets, mais en travaillant avec l’ensemble des acteurs du milieu éducatif.

									 
					
					