Au Gabon, l’engagement citoyen reste souvent relégué au second plan, perçu comme un idéal plus que comme une pratique concrète. Pourtant, dans un pays où les incivilités deviennent monnaie courante et où les pouvoirs publics ne peuvent être partout à la fois, la participation des citoyens au maintien de l’ordre social et du bien commun est plus que jamais cruciale.
À Libreville, la mairie centrale a mis en place un dispositif permettant aux habitants de signaler directement les comportements inciviques. Grâce au numéro 065 26 15 25, il est désormais possible d’alerter les autorités municipales sur les jets d’ordures dans les caniveaux, les dégradations de mobilier urbain, les nuisances sonores ou encore les occupations anarchiques de la voie publique. Une mesure encore trop méconnue, mais qui offre aux citoyens un outil concret de participation à la gestion urbaine.
Dans un autre registre, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) a mis en place le numéro vert 8085, dédié à la dénonciation des pratiques commerciales abusives. Produits périmés, prix illégalement gonflés, absence d’affichage des tarifs ou refus de délivrance de tickets de caisse : les consommateurs peuvent désormais jouer un rôle actif dans la régulation du marché. Là encore, le recours à cet outil reste marginal, freiné par la méconnaissance du dispositif ou le sentiment d’inutilité de la démarche.
Plus sensible encore est la situation dans le monde du travail. De nombreux employés, confrontés à des retards de salaires, des licenciements sans préavis ou des conditions de travail abusives, n’osent pas saisir l’inspection du travail. Entre peur des représailles et conviction que leur plainte sera ignorée, nombre d’entre eux préfèrent se taire. Ce silence, devenu systémique, affaiblit les mécanismes de contrôle et laisse prospérer les abus, souvent en toute impunité.
Pourtant, l’engagement citoyen ne se limite pas à dénoncer. Il se manifeste aussi dans les actes quotidiens les plus simples : refuser de jeter ses déchets par la fenêtre d’un véhicule, signaler une fuite d’eau ou un lampadaire défectueux à la SEEG, s’assurer qu’une file d’attente est respectée, ou encore participer à une opération de nettoyage collectif dans son quartier. Ces gestes, souvent invisibles, sont pourtant les piliers d’une société qui fonctionne.
Des initiatives locales commencent timidement à émerger. Dans certains établissements scolaires, des journées citoyennes sont organisées pour sensibiliser les élèves à la responsabilité individuelle. Dans quelques quartiers de Libreville, des groupes de résidents s’organisent, de manière informelle, pour améliorer leur cadre de vie. Si ces actions restent ponctuelles, elles témoignent d’un sursaut de conscience dont le pays a besoin.
Car en définitive, l’engagement citoyen ne se décrète pas : il se vit. Il ne repose pas uniquement sur de grandes déclarations, mais sur une multitude de choix et d’actes quotidiens. Il commence là où chacun décide d’agir, même modestement, pour défendre le bien commun. Car parfois, un simple appel au 065 26 15 25 peut faire toute la différence.