Plus d’un mois après leur rencontre avec les autorités, les candidats recalés du concours d’entrée à l’École nationale d’administration (ENA) du Gabon ont repris leur mouvement de grève le 9 mars dernier.
Estimant n’avoir reçu aucune réponse concrète à leurs revendications, ils dénoncent l’opacité du processus de sélection et réclament l’annulation du concours.
Une mobilisation qui se durcit
Après 12 jours de grève en janvier, les candidats recalés avaient accepté de suspendre leur mouvement pour ouvrir la voie au dialogue avec les autorités. « C’est suite à notre initiative de grève qu’ils ont finalement décidé de nous entendre », explique Basile Oyono, l’un des manifestants. Reçus à la présidence le 19 janvier, ils avaient présenté leurs revendications et obtenu la promesse d’une issue favorable à leur requête.
Cependant, les semaines ont passé sans avancée concrète. « Nous avons suspendu la grève pour accorder le bénéfice du doute aux autorités, mais cela a accouché d’une souris. Désormais, nous ne quitterons plus cette position sans que notre problème ne soit résolu », ajoute M. Oyono, soulignant que cette lutte dépasse leur seul cas personnel : « Nous le faisons aussi pour nos petits frères et sœurs, pour que cela ne se reproduise plus et que l’égalité des chances soit garantie ».
Des irrégularités dénoncées
Les recalés dénoncent des dysfonctionnements graves dans l’organisation du concours et brandissent des textes réglementaires à l’appui de leur demande d’annulation. « L’article 23 du Journal officiel n°22 et 23 du 1er octobre 1976 stipule que toute irrégularité constatée dans l’arrêté de publication des résultats peut faire l’objet d’un recours administratif », explique Ulrick Nguema, un candidat recalé.
Les contestataires affirment disposer de preuves de fraudes, notamment la présence de candidats déclarés admis alors qu’ils n’étaient même pas admissibles, voire n’avaient pas passé le concours. « Nous avons constaté des irrégularités flagrantes. Certaines personnes non admissibles ont été déclarées admises. Nous avons même des preuves que certains admis n’ont jamais participé au concours », poursuit-il.
Un dialogue au point mort
Malgré plusieurs recours déposés auprès du Conseil d’État et des courriers adressés aux plus hautes autorités du pays, les recalés affirment n’avoir obtenu aucune réponse officielle. « Nous avons saisi le Conseil d’État, le Premier ministre et d’autres autorités compétentes, mais c’est comme si l’administration était sourde et refusait d’admettre qu’il y a eu fraude », déplore Issa Moussavou, un autre candidat recalé.
Contactée par la rédaction de Gabon 24, la directrice générale de l’ENA n’a pas souhaité s’exprimer sur le sujet. Face à cette impasse, les manifestants annoncent qu’ils poursuivront leur mouvement jusqu’à obtenir satisfaction.
Alors que le gouvernement affiche sa volonté de renforcer la transparence et de lutter contre la corruption, cette crise révèle des failles profondes dans le processus de recrutement à la fonction publique. Au-delà de leur propre situation, les recalés de l’ENA posent une question cruciale : comment garantir un système de sélection équitable et méritocratique pour les générations futures ?

