Le 21 mai 2025, la Commission supérieure des jeux de hasard s’est réunie à Libreville, sous la présidence du ministre de l’Intérieur, Hermann Immongault. À l’issue de cette rencontre, une décision radicale a été prise : les promoteurs des jeux de hasard disposent de 72 heures pour se conformer à la réglementation en vigueur, faute de quoi des sanctions seront envisagées.
Ce délai expire le samedi 24 mai. Il concerne huit des neuf opérateurs actuellement en activité dans le pays, dont un seul détient un agrément en règle. Le gouvernement dénonce un secteur largement hors de contrôle, fonctionnant sans cadre juridique clair, au détriment de la transparence et de l’intérêt général.
Pour corriger cette situation, les autorités exigent que tous les documents administratifs et juridiques soient déposés au ministère de l’Intérieur dans le délai imparti. Une session extraordinaire de la Commission est d’ores et déjà prévue le 25 mai pour examiner les dossiers reçus et décider des mesures à appliquer aux contrevenants.
Autre annonce majeure : la désignation de la société eTech-SAS comme agrégateur unique des flux financiers liés aux jeux de hasard. Cette entité gabonaise, fruit d’un partenariat public-privé avec la société canadienne ST Media INC, devra centraliser l’ensemble des transactions du secteur. Une mesure présentée comme un gage de transparence, mais qui soulève des questions sur la concentration des pouvoirs de contrôle entre les mains d’un seul acteur.
Hermann Immongault a par ailleurs tenté de désamorcer les craintes, en affirmant qu’aucun emploi ne serait supprimé. Mieux encore, il entrevoit la création de près de 10 000 emplois directs et indirects grâce à cette réforme du secteur. Une déclaration qui se veut rassurante, mais qui reste hypothétique tant que les conséquences concrètes de la mise en œuvre ne sont pas mesurées.
Si la volonté d’assainissement est claire, la méthode interroge. Le délai de 72 heures peut-il suffire à des structures souvent sous-équipées administrativement pour se mettre en conformité ? Le risque d’une fermeture en cascade d’établissements est-il anticipé ? Que deviendront les employés de ces structures, parfois non déclarés, souvent sans protection sociale ? Et surtout, cette réforme profitera-t-elle à tous, ou contribuera-t-elle à une concentration du secteur entre les mains de quelques-uns ? Autant de questions en suspens, alors que le compte à rebours est lancé.