Et si la solution contre la vie chère passait par l’État lui-même ? C’est en tout cas la direction assumée par Henri-Claude Oyima, ministre d’État en charge de l’Économie et de la lutte contre la vie chère, qui a annoncé la création prochaine d’une centrale d’achat nationale. Une structure publique qui aura pour mission de sécuriser l’importation des produits de première nécessité et d’en finir avec la spéculation anarchique qui étrangle les consommateurs.
« Trop longtemps, les importateurs ont fonctionné en roue libre, fixant des prix parfois déconnectés de la réalité, au détriment des gabonais les plus modestes », a souligné le ministre. Le constat est clair : dans une économie massivement tournée vers l’extérieur, chaque étape du circuit d’importation production à l’étranger, douanes, transport alourdit la facture. Résultat : un panier de base devenu inaccessible pour une large partie de la population.
Pour casser cette spirale, l’État entend s’intercaler dans la chaîne. La future centrale d’achat définira une liste de produits essentiels à importer, négociera les prix en amont, et approvisionnera directement les grossistes locaux. Une manière, selon Henri-Claude Oyima, de « reprendre la main sur la formation des prix » et de briser le cercle de la spéculation.
Mais derrière cette décision se dessine aussi une volonté politique plus large : redonner à l’État un rôle stratégique dans l’économie. « Ce que nous faisons, c’est refonder la manière dont le Gabon pense son approvisionnement », affirme-t-il. Il ne s’agit plus seulement de subir les fluctuations des marchés internationaux, mais de construire une résilience économique.
En parallèle, le ministre a réaffirmé la nécessité d’un sursaut patriotique autour de la terre. Pour lui, l’agriculture doit devenir un pilier de notre souveraineté économique. « Cultiver la terre, ce n’est pas une punition. C’est une richesse. Et c’est la voie la plus directe pour maîtriser nos propres besoins », a-t-il déclaré. Une invitation à rompre avec la dépendance alimentaire en valorisant le métier d’agriculteur, trop longtemps relégué au second plan.
Avec cette offensive à double vitesse intervention publique dans l’importation et relance de la production locale le gouvernement entend prouver que la lutte contre la vie chère ne se résume pas à des discours. Reste désormais à concrétiser cette ambition dans un pays où, depuis des décennies, les bonnes intentions se sont souvent heurtées à l’informel et aux intérêts privés.