Dans de nombreuses entreprises au Gabon, le harcèlement en milieu professionnel reste un sujet encore trop souvent passé sous silence. Qu’il soit moral, psychologique ou sexuel, ce fléau impacte directement la santé mentale et la carrière des employés, tout en fragilisant la productivité des entreprises.
La loi n° 10/2016 du 5 septembre 2016 portant sur la lutte contre le harcèlement en milieu professionnel protège les travailleurs en précisant que « toute personne en formation, en stage ou en emploi ne peut être sanctionnée ou licenciée pour avoir subi ou refusé de subir des actes de harcèlement moral ou sexuel, ou pour avoir témoigné contre de tels agissements ».
Selon l’article 291‑1 du Code pénal gabonais, le fait de harceler une personne, sur le lieu ou à l’occasion du travail, par des propos ou comportements répétés ayant pour objet ou pour effet une dégradation des conditions de vie est punie jusqu’à « 2 ans de prison et 5 millions de FCFA d’amende ».
Le harcèlement en milieu professionnel peut se manifester par des humiliations répétées, des critiques incessantes, des menaces voilées ou des comportements à caractère sexuel. Au Gabon, les témoignages de certains salariés montrent que certaines victimes hésitent à dénoncer ces pratiques par peur de représailles, de licenciement ou de stigmatisation.
« J’avais peur de parler, je craignais de perdre mon emploi », confie une victime anonyme. « Pourtant, le stress était insupportable et affectait ma santé », a-t-elle ajouté.
Les effets du harcèlement sont nombreux parmi lesquels, le stress, la dépression, l’absentéisme, la baisse de performance et parfois l’abandon du poste de travail. Les entreprises, elles, voient leur climat social se détériorer, ce qui impacte directement leur productivité et leur réputation.
Selon des spécialistes en ressources humaines, un employé harcelé coûte plus cher à l’entreprise que ce que pourrait représenter un investissement dans la prévention. Toutefois, beaucoup d’entreprises gabonaises manquent encore de politiques claires pour lutter contre ce phénomène.
Les jeunes femmes, en particulier celles qui sont en stage ou en quête de leur premier emploi (CDI), sont les plus vulnérables au harcèlement sexuel. L’échange d’une faveur sexuelle contre une promesse d’embauche ou une promotion est un fléau qui mine l’égalité des chances et la dignité des personnes.
Une culture d’entreprise trop axée sur le respect aveugle de la hiérarchie peut décourager toute contestation. Les pressions psychologiques visant à humilier, isoler ou surmener un employé sont souvent tolérés sous couvert de « rigueur professionnelle ».
Le harcèlement en milieu professionnel est un problème de société qui nécessite un engagement collectif. Employeurs, employés et institutions publiques doivent collaborer pour instaurer un climat de travail respectueux et sécurisant. « Face au harcèlement, la première étape est d’écouter la victime en toute confidentialité », a indiqué madame Ogoula, psychologue en entreprise.
« J’évalue la situation, soutiens la victime avec des stratégies adaptées et conseille l’entreprise pour prévenir afin de créer un environnement de travail sûr », a-t-elle poursuivi. Parallèlement, les victimes doivent être encouragées à saisir la justice et l’inspection du travail également. L’application systématique et exemplaire des sanctions prévues par le Code Pénal et le Code du Travail est le seul moyen de décourager les auteurs de ces actes.
Le harcèlement au travail n’est pas seulement un problème éthique, c’est un frein à la productivité, à la santé publique et au développement d’une société juste. La lutte pour des environnements professionnels sains au Gabon est une bataille collective pour la dignité de chaque travailleur.

