Le gouvernement gabonais a récemment procédé au décaissement de 28 milliards de FCFA pour honorer ses obligations auprès des institutions financières multilatérales. Un geste qui témoigne de la volonté de respecter les engagements internationaux, mais qui soulève aussi des questions sur la soutenabilité de la dette et les priorités de développement du pays.
Le paiement de cette tranche de la dette intervient dans un contexte où le Gabon cherche à consolider sa réputation de partenaire fiable auprès des créanciers internationaux. Toutefois, ce règlement représente une part significative du budget national, et soulève la question de l’équilibre entre obligations financières et investissements dans des secteurs essentiels comme la santé, l’éducation ou les infrastructures.
« Honorer la dette est crucial pour maintenir l’accès aux financements futurs, mais il faut veiller à ce que cela ne bride pas la croissance économique et sociale », explique Ludovic Ndong Obiang, un analyste financier.
Si le paiement régulier des échéances est un signe de discipline budgétaire, il ne garantit pas automatiquement une stabilisation de la dette. Selon certains experts, « la combinaison d’un endettement historique et de nouveaux emprunts pour financer les projets publics pourrait maintenir, voire accroître, le niveau global de la dette ».
Cela place le Gabon devant un défi majeur, comment continuer à financer ses ambitions de développement tout en évitant une dépendance excessive aux créanciers internationaux.
Plusieurs pistes pourraient être explorées pour concilier remboursement de la dette et développement durable, notamment; renforcer la mobilisation des recettes internes par une fiscalité plus efficace et un meilleur contrôle des dépenses publiques.
Prioriser les investissements générateurs de revenus, dans les infrastructures, l’énergie et les secteurs à forte valeur ajoutée et diversifier les sources de financement en s’ouvrant aux partenariats public-privé ou aux fonds verts pour l’environnement.
Le décaissement de 28 milliards FCFA est un signal positif pour les institutions multilatérales, mais il rappelle aussi que la route vers un développement durable est semée d’embûches. Pour le Gabon, le défi consiste à honorer ses engagements financiers sans compromettre l’avenir économique et social de ses citoyens.
Le pays devra donc conjuguer discipline budgétaire, stratégie d’investissement et vision à long terme pour transformer ces obligations financières en un véritable moteur de croissance.

