Pour de nombreux Gabonais diagnostiqués avec un cancer, le combat ne se limite pas à la maladie elle-même, mais s’étend également à la lutte pour obtenir les médicaments nécessaires à leur traitement. Cette réalité prend un relief nouveau à l’heure où la caisse nationale d’assurance maladie et de garantie sociale (CNAMGS), entend lancer la nouvelle réforme de la liste de médicaments (MAPS 2025), au cours d’un atelier de mise au point technique, débuté ce mardi 04 novembre 2025 au siège de la CNAMGS, sise à la sablière.
La nouvelle édition de la MAPS 2025 de la CNAMGS prévoit une refonte du panier des médicaments remboursables, avec notamment l’ajout de molécules nouvelles y compris en oncologie mais aussi des retraits ou arbitrages sur certaines prise. L’édition évoque l’introduction de « 159 nouvelles molécules et le retrait de 24 molécules ». Elle insiste sur le recours accrus aux génériques et le recentrage des prises en charge.
« À l’issu de la suspension de la liste des médicaments par le ministre de la Santé et moi le 24 septembre dernier, nous avons instruit la direction générale de la Cnamgs pour pouvoir se réunir avec toutes les parties prenantes afin de nous proposer une nouvelle liste de médicaments remboursables par la CNAMGS qui serait consensuelle et définirait les taux acceptables pour tous », a indiqué Nadine Nathalie Awanang epse Anato, ministre des Affaires sociales et de l’inclusion.
Toutefois, une partie des acteurs pointe que la réduction de la liste pourrait entraîner des pénuries ou l’absence de certains traitements pour des pathologies complexes. Pour les patients cancéreux, ces changements interviennent dans un contexte déjà difficile. Déjà confrontés à des approvisionnements irréguliers, des délais d’accès et des coûts élevés, ils voient dans cette réforme un espoir mais aussi une source d’inquiétude.
D’un côté, l’ajout de nouvelles molécules dans la MAPS 2025 peut signifier que certains traitements anticancéreux jusqu’ici non remboursés pourront désormais l’être. Cela pourrait améliorer l’accès pour des cancers rares ou des thérapies plus récentes.
D’un autre côté, le recentrage sur les génériques et la réduction de certaines molécules pourraient laisser certaines options thérapeutiques hors de portée pour des cas pour lesquels seules des molécules « de marque » ou très spécialisées existaient.
« J’ai dû attendre plusieurs semaines pour trouver mon médicament anticancéreux, et quand je l’ai trouvé, il n’était pas pris en charge par la CNAMGS », témoigne Marie Paule, patiente atteinte de cancer du sein. De telles situations soulignent que même avec une réforme de la liste remboursable, le maillon de l’accès effectif reste fragile, ainsi que la disponibilité en pharmacie, le coût pour le patient et les délais d’attente.
La nouvelle liste de médicaments remboursables de la CNAMGS, constitue un progrès en termes de transparence. Mais encore faut‑il que les patients et les professionnels de santé soient informés et comprennent les effets de la réforme.
« L’accès aux soins de santé passe par la disponibilité du médicament tous les travaux sont menés aussi bien dans le cadre de cette liste que toutes les rencontres que nous avons avec ceux qui sont à même de fournir les médicaments et ce pour l’amélioration des conditions de santé des compatriotes », a renchéri la ministre des Affaires sociales et de l’inclusion.
Des pharmaciens, médecins des hôpitaux publics, administratifs, expriment des inquiétudes. Il est essentiel que la réforme ne pénalise pas les patients les plus fragiles. « Je tiens à rassurer les populations car nous sommes à pied d’œuvre pour trouver des solutions afin de pallier aux manquements dans la prise en charge et l’accès au soins de santé », a déclaré Pr Adrien Mougoungou, ministre de la santé.
La réforme de la liste MAPS 2025 de la CNAMGS est un tournant potentiellement positif pour l’accès aux médicaments remboursables au Gabon. Pour les patients atteints de cancer, elle ouvre des perspectives tant que l’accès demeure réel, la disponibilité effective. L’espoir d’un meilleur accès se conjugue avec celui d’un engagement concret des pouvoirs publics et des acteurs de santé pour que la réforme produise ses effets pour tous les patients, sans exception.

