Depuis plusieurs années, la capitale gabonaise est confrontée à une crise majeure de gestion des déchets, symbole d’un système longtemps défaillant. Au cœur de cette impasse : la saturation de la décharge de Mindoubé, une zone aujourd’hui submergée par des tonnes d’ordures sans traitement adéquat, menaçant directement la santé publique et l’environnement. Mais une issue semble se dessiner, à Nkoltang, où un nouveau projet de centre d’enfouissement est en gestation.
Libreville croule sous ses ordures. Sur les axes principaux comme dans les quartiers périphériques, les déchets s’entassent, faute d’un système de collecte et de traitement opérationnel. La situation s’est détériorée avec la quasi-fermeture de la décharge de Mindoubé, utilisée depuis les années 1980 et désormais à bout de souffle. La société Clean Africa, principale structure en charge de l’évacuation des ordures ménagères dans la capitale, se retrouve bloquée : les camions ne trouvent plus d’espaces viables pour déverser les déchets.
Les images de camions à l’arrêt et de zones urbaines envahies par les déchets ont fait le tour des réseaux sociaux, illustrant l’ampleur du problème. L’État, par la voix du ministère de l’Intérieur, Hermann Immongault, a reconnu l’urgence de la situation et annoncé la mise en place d’un dispositif transitoire. Mais pour beaucoup, ces annonces ne suffisent pas à effacer les années d’improvisation et de mauvaise gouvernance dans le secteur.
Dans ce contexte, une lueur d’espoir se profile du côté de Nkoltang, localité située à une vingtaine de kilomètres de Libreville. Sur un site de plus de 100 hectares, l’État a entrepris l’aménagement d’un nouveau centre d’enfouissement technique. Selon le ministère de l’Environnement, ce projet vise à offrir une alternative durable, avec des installations modernes respectant les normes environnementales, loin des pratiques anarchiques du passé.
Le futur centre de Nkoltang sera divisé en deux zones : une dédiée aux déchets ménagers, l’autre aux déchets biomédicaux. Il prévoit notamment l’installation de fosses contrôlées, d’un système de collecte des lixiviats (liquides issus des ordures), ainsi que d’un dispositif de surveillance environnementale. L’objectif : tourner la page d’un système vétuste et insalubre, pour instaurer une gestion plus responsable et pérenne des déchets dans le Grand Libreville.
Mais les défis restent nombreux. D’abord, l’accès au site, encore difficile pour les poids lourds. Ensuite, la nécessité d’un transfert rapide des opérations depuis Mindoubé, pour éviter l’aggravation de la situation. Enfin, la question de la sensibilisation des populations et de la formation des agents se pose. Car un centre moderne ne suffit pas : sans une gestion rigoureuse et une implication de tous les acteurs, le risque est grand de reproduire les erreurs du passé.
En attendant la finalisation du projet, les habitants de Libreville continuent de vivre au rythme des émanations toxiques, des déchets entassés et des risques sanitaires croissants. L’espoir d’un changement est bien là, mais il repose désormais sur la capacité de l’État à concrétiser ses promesses et à bâtir un système de gestion des déchets enfin à la hauteur des enjeux urbains, sanitaires et environnementaux.