La lutte contre les gangs urbains en République démocratique du Congo (RDC) suscite de vives controverses. Depuis plusieurs semaines, le gouvernement mène des opérations d’envergure, baptisées « Zéro Kuluna », qui ont conduit à des condamnations à mort. Ces mesures ont provoqué l’intervention d’ONG comme Amnesty International, qui dénoncent cette pratique, comme le rapporte Mediacongo.
Le ministre de la Justice, Constant Mutamba, a réaffirmé sa détermination à éradiquer le phénomène des « Kuluna », qu’il considère comme une menace pour la sécurité nationale. Depuis le lancement des opérations, plus d’une centaine d’individus identifiés comme membres de gangs ou auteurs de divers actes criminels ont été jugés et condamnés à la peine capitale, conformément à la législation congolaise.
Plusieurs transferts de prisonniers ont eu lieu vers des établissements de haute sécurité, notamment à Angenga, dans la province de l’Équateur. Lors de ces transferts, le ministre de la Justice a tenu un discours ferme, appelant les condamnés à « demander pardon à Dieu et aux victimes de leurs actes ». Il a également mis en garde les familles des jeunes impliqués, soulignant que tout suspect arrêté serait immédiatement traduit en justice.
Amnesty International alerte sur un risque d’exécutions imminentes
Dans un communiqué publié le mardi 7 janvier 2025, Amnesty International a exprimé sa profonde inquiétude face à un risque « d’exécutions massives imminentes ». L’organisation exhorte le président de la RDC, Félix Tshisekedi à « immédiatement, publiquement et sans ambiguïté, mettre un terme à tout projet d’exécution de personnes dans la prison d’Angenga ou ailleurs ».
Selon la directrice adjointe du programme Afrique de l’Est et Afrique australe d’Amnesty International, plus de 170 personnes auraient été transférées à Angenga, faisant craindre que les condamnés à mort soient exécutés sans transparence ni garantie d’un procès équitable.
La réponse du ministre de la Justice
Face à ces critiques, Constant Mutamba a réagi fermement, qualifiant de fausses les informations relayées par certaines agences, notamment Associated Press (AP). « La dépêche de l’AP a révélé de fausses informations. Je l’invite à la corriger conformément à la loi sur la liberté de la presse », a-t-il déclaré sur son compte X. Il a réaffirmé que la législation congolaise prévoit la peine de mort et ses modalités d’exécution et lors d’un point de presse conjoint avec le ministre de la Communication, il a défendu la position du gouvernement.
« Nous ne devons pas être complexés par ce qui se passe en Occident. Nous ne levons ni ne supprimons la peine de mort pour faire plaisir aux ONG de défense des droits de l’Homme », a-t-il affirmé, justifiant le maintien de la peine capitale par les impératifs sécuritaires du pays. Il a également réfuté les accusations de violations des droits de l’homme, arguant que ces mesures sont nécessaires pour protéger les citoyens contre des criminels semant « morts et désolation ».
Un enjeu sécuritaire et politique majeur
Le phénomène des « Kulunas », qui gangrène les grandes villes de la RDC, est considéré par le gouvernement comme une menace pour la stabilité nationale. Constant Mutamba a notamment évoqué le cas d’Haïti, où l’inaction face aux gangs urbains aurait contribué à l’effondrement du régime. Il a souligné la nécessité d’une action ferme pour éviter un tel scénario en RDC.
Alors que le gouvernement congolais poursuit sa campagne contre les « Kulunas », les tensions entre impératifs sécuritaires et respect des droits de l’Homme s’accentuent. Amnesty International appelle à une réforme urgente du système judiciaire, tandis que Kinshasa maintient sa position en faveur de la peine de mort.
Le samedi 4 janvier 2025, 57 délinquants, surnommés « Kulunas », ont été transférés à la prison de haute sécurité d’Angenga, dans la province de l’Équateur, marquant une nouvelle étape dans la lutte contre le banditisme à Kinshasa.