Malgré les avancées en matière de droits individuels et de santé publique, la santé sexuelle demeure un sujet tabou dans de nombreuses sociétés. Ce paradoxe est frappant, car elle concerne une dimension fondamentale de la vie humaine, touchant à l’intimité, au bien-être, à la prévention des maladies et à la qualité des relations interpersonnelles. Il est donc impératif de remettre ce sujet au centre des débats, de manière claire, informée et sans détour.
Enjeu de société et devoir de responsabilité, la santé sexuelle ne se résume pas à l’absence de maladie ou de dysfonctionnement. Elle englobe le bien-être physique, émotionnel, mental et social en relation avec la sexualité. C’est un état de bien-être qui nécessite un environnement sûr, respectueux et inclusif, où chaque individu peut exprimer librement son orientation sexuelle, ses désirs, ses besoins et ses préoccupations sans crainte de discrimination ou de violence.
Malheureusement, les défis sont nombreux. L’accès à l’éducation sexuelle reste inégal, particulièrement chez les jeunes. Dans certaines régions, elle est tout simplement inexistante, laissant les adolescents livrés à eux-mêmes face à des informations parcellaires ou erronées glanées sur internet ou dans leur entourage. Il est crucial de rappeler que l’éducation sexuelle ne doit pas se cantonner à la prévention des maladies sexuellement transmissibles ou à la contraception. Elle doit aussi aborder des sujets tels que le consentement, le respect des différences, la gestion des émotions et la reconnaissance des signes de relations abusives.
Les stéréotypes de genre continuent d’influencer lourdement la manière dont les hommes et les femmes vivent leur sexualité. La pression sociale incite souvent les hommes à adopter une posture de virilité et de conquête, tandis que les femmes sont trop souvent jugées et limitées dans l’expression de leurs désirs. Cette vision réductrice et binaire est préjudiciable pour tous et exige une déconstruction urgente. Chaque individu doit pouvoir se libérer des normes imposées pour explorer et vivre sa sexualité avec épanouissement.
La santé sexuelle est un droit fondamental, mais aussi un devoir de responsabilité, pour les individus comme pour la société. Il est temps d’agir, de parler, de sensibiliser. C’est en ouvrant le dialogue, en éduquant les jeunes générations, en luttant contre les stéréotypes et en garantissant un accès universel à des soins de qualité que nous pourrons bâtir une société où la santé sexuelle n’est plus un tabou, mais une réalité vécue par tous, dans le respect et la dignité.
Modeste Okome