Décédé le lundi de Pâques (21 avril 2025), le pape François laisse derrière lui un héritage de réformes, de dialogue interreligieux et d’humilité pastorale. Mais son départ ouvre aussi une nouvelle page pour l’Église catholique : celle du choix d’un successeur. Alors que le conclave s’annonce, trois figures africaines émergent parmi les favoris, relançant une question longtemps évoquée sans jamais se concrétiser et si le prochain pape était noir ?
Au Vatican, le deuil s’organise, mais la machine institutionnelle ne tarde jamais à se remettre en marche. Dès les funérailles du pape François, les cardinaux électeurs sont convoqués à Rome pour le conclave. Parmi eux, 120 hommes en pourpre auront la lourde tâche d’élire celui qui guidera désormais les 1,3 milliard de catholiques dans le monde.
Et dans cette Église de plus en plus mondiale, où les croyants d’Afrique représentent une part croissante des fidèles, le profil du prochain souverain pontife pourrait bien rompre avec des siècles de tradition européenne.
Robert Sarah, Fridolin Ambongo et Peter Turkson : trois africains au cœur des pronostics
Robert Sarah (79 ans), cardinal guinéen, est l’un des visages les plus respectés du clergé africain. Ancien préfet de la Congrégation pour le Culte divin, il est connu pour ses positions conservatrices, sa rigueur doctrinale et son attachement à la liturgie traditionnelle. Philosophe et spirituel, il séduit par sa profondeur et son indépendance intellectuelle. Mais son âge avancé pourrait jouer en sa défaveur : à un souffle des 80 ans, il pourrait ne pas voter lui-même au conclave.
Peter Turkson (76 ans), cardinal ghanéen, offre un profil plus équilibré et modéré. Ancien préfet du Dicastère pour le Développement humain intégral, il a été l’un des artisans du lien entre doctrine sociale catholique et justice climatique, thème cher au pape François. Charismatique, cultivé, proche des réalités africaines tout en étant très à l’aise dans les cercles du Vatican, il représente une figure d’unité, capable de parler aussi bien au Sud qu’au Nord.
Moins doctrinaire, le Congolais Fridolin Ambongo s’est surtout fait un nom en raison de son engagement citoyen. Né en 1960 en RDC, il s’est rapidement fait le porte-parole d’une Église engagée contre la corruption, la pauvreté et l’instabilité politique. Archevêque de Kinshasa depuis 2018, successeur de Laurent Monsengwo, il a été nommé cardinal par le pape François en 2019 et incarne une génération de prélats africains pleinement insérés dans le combat démocratique.
Dans une Église de plus en plus décentrée, où la vitalité du christianisme se joue désormais en Afrique, en Asie ou en Amérique latine, l’élection d’un pape noir ne serait pas un simple geste symbolique. Ce serait non seulement une réponse à une réalité sociologique et spirituelle, mais aussi un message fort adressé au monde : celui d’une Église ouverte, universelle, capable d’accueillir toutes les cultures dans son magistère suprême. Une église où la couleur de peau ne serait plus un plafond de verre, même au sommet.
Mais la compétition reste ouverte. Face aux deux cardinaux africains, d’autres profils dominent les pronostics : Pietro Parolin (Italie, 70 ans), secrétaire d’État du Vatican, incarne la continuité administrative. Matteo Zuppi (Italie, 69 ans), archevêque de Bologne, figure d’une Église sociale et proche des pauvres. Luis Antonio Tagle (Philippines, 67 ans), pro-préfet de l’Évangélisation, symbole de l’Asie catholique. Jean-Marc Aveline (France, 66 ans), archevêque de Marseille, engagé sur les questions migratoires et de dialogue interreligieux.
Un espoir africain qui transcende les frontières
Le continent africain n’a jamais eu de pape. Et si les chances de Robert Sarah s’amenuisent avec l’âge, celles de Peter Turkson demeurent intactes. Dans les milieux catholiques africains, cet espoir suscite déjà de nombreux débats, des prières, et une fierté contenue. Le conclave n’a jamais été prévisible. Mais en 2025, peut-être l’histoire s’écrira-t-elle enfin en noir sur blanc.