Dans le cadre de la lutte contre les dérives et la corruption qui persistent au sein de l’administration publique gabonaise, le premier ministre de transition Raymond Ndong Sima, a pris le taureau par les cornes. Ce dernier a tenu une réunion d’urgence le mardi 28 janvier 2025 à Libreville avec les responsables administratifs, notamment les directeurs généraux, inspecteurs généraux et secrétaires généraux des différents ministères afin de tirer totalement un trait sur ces pratiques qui n’ont plus que perdurer.
Malgré des cadres qualifiés, l’administration gabonaise demeure engluée dans la corruption, les lenteurs bureaucratiques, le favoritisme, le clientélisme et le mépris des procédures. Un constat accablant dressé le mardi 28 janvier par le Premier ministre Raymond Ndong Sima, qui dénonce une administration à la dérive, où les cadres réglementaires établis par le décret 378 du 26 mai 2000 et la loi 20 du 3 janvier 2005 sont largement ignorés. Les inspecteurs généraux, censés veiller à la régularité au sein des ministères, ont abandonné leur mission, laissant place à des pratiques en totale contradiction avec leurs responsabilités.
Raymond Ndong Sima n’a pas fait dans la langue de bois, indexant directement les inspecteurs généraux, acteurs de premier plan de la vie administrative du pays. « Mesdames et messieurs les inspecteurs généraux, où sont vos manuels de procédures ? Parce que s’ils n’existent pas, on a la réponse à la première question qui a été posée, pourquoi y a t-il autant de dérives dans les ministères ? Vous êtes sortis du texte qui vous a créer pour aller vers des pratiques qui n’ont rien avoir avec vos missions. Dans la plupart des cas, les inspections de service sont mêlées à la gestion. Comment pouvez-vous alors vous mettre à l’abri de l’irrégularité ? Comment pouvez-vous être juges et parties ? », a martelé le premier ministre de la transition.
Le premier ministre a ordonné, que d’ici 60 jours, ces officiels mettent à sa disposition des documents administratifs de base liés à leur profession, rappelant aux participants leurs responsabilités, en insistant sur le rôle crucial de ces derniers. « Je vous donne 60 jours et le compte à rebours commence aujourd’hui pour que vous me déposiez les manuels de procédure d’organisation des services et un système objectif de notation de vos personnels, sinon vous êtes relevés de vos fonctions », a déclaré Raymond Ndong Sima.
Cette rencontre marque un tournant dans la politique de lutte contre la corruption au Gabon. Elle témoigne de la volonté du gouvernement de la transition à déployer plus d’efforts afin de restaurer la confiance des citoyens envers les institutions publiques. Les prochaines semaines seront cruciales pour évaluer l’efficacité des mesures annoncées et leur impact sur la gouvernance du pays.
Le rôle des inspecteurs généraux des services
L’Inspecteur général des services d’un ministère est régi par la loi n°20/2005 du 3 janvier 2006 fixant les règles de création, d’organisation et de gestion des services de l’Etat. Il joue un rôle clé dans l’évaluation et l’amélioration du fonctionnement des services centraux de son département ministériel. Placé hors de la ligne hiérarchique, il agit en toute indépendance pour analyser les procédures et normes de travail afin de garantir leur conformité et leur efficacité. Sa mission consiste à proposer des réformes, assurer le suivi des recommandations et évaluer la mise en œuvre des politiques internes.
En tant que garant de la bonne gouvernance administrative, il veille à l’optimisation des ressources et au respect des principes de transparence et de performance. Nommé par décret en conseil des ministres et ayant rang de secrétaire général, il dispose d’une autorité suffisante pour conduire des audits internes et suggérer des améliorations visant à renforcer la qualité du service public.