Alain-Claude Bilie-By-Nze, candidat à l’élection présidentielle du 12 avril 2025, a présenté un plan d’action en 12 mesures pour ses 100 premiers jours au pouvoir. Son ambition est claire : rompre avec les pratiques du passé et amorcer le redressement du pays à travers des réformes économiques, institutionnelles et sociales.
Sur le plan économique, il propose une réforme budgétaire et une restructuration de la dette, en concertation avec les créanciers et les institutions financières internationales. Son objectif est d’assainir les finances du pays et de restaurer la crédibilité économique du Gabon. En parallèle, il prévoit d’adopter une ordonnance baptisée « Virage libéral« , destinée à attirer les investissements et stimuler l’emploi. Il veut également relocaliser une partie de la production industrielle afin de renforcer la souveraineté économique nationale.
Sur le plan institutionnel, il entend rétablir un régime semi-présidentiel avec un Premier ministre, revenir à un mandat présidentiel de 5 ans, supprimer le Sénat et le Conseil économique, social et environnemental (CESE), et fixer le nombre de députés à 150, dont 7 pour la diaspora. Une commission « Vérité, justice, réparation et réconciliation » sera mise en place pour régler les contentieux historiques et renforcer l’unité nationale. La lutte contre l’insécurité figure aussi parmi ses priorités, avec la création d’un office interministériel antistupéfiants et d’un parquet spécialisé dans la lutte contre la criminalité, ainsi qu’une politique plus stricte sur l’immigration clandestine.
Les questions sociales ne sont pas en reste. Un minimum jeunesse sera instauré pour accompagner les diplômés en quête d’un premier emploi, avec une allocation équivalente à 80 % de leur dernière bourse la première année, puis 60 % la seconde année. Une attention particulière sera accordée à l’autonomisation des femmes, notamment les filles-mères. Pour résoudre les pénuries d’eau, le candidat veut engager un partenariat public-privé et réformer la Société d’énergie et d’eau du Gabon (SEEG). Côté énergie, une mission spéciale « Production et réseau d’électricité » verra le jour pour garantir une alimentation stable et lancer une programmation pluriannuelle.
Sur le plan de la gouvernance, Alain-Claude Bilie-By-Nze veut lutter contre la corruption en annulant tous les marchés d’État attribués sans appel d’offres. Il annonce également la suspension et l’audit du projet « Libreville 2 » et de la Cité de la Démocratie, avec une réallocation des fonds vers l’entretien routier. Enfin, il souhaite lancer un audit international du système éducatif et de la formation professionnelle, sous le contrôle d’un collège citoyen de 150 membres tirés au sort.
Ces mesures d’urgence marquent une volonté de transformation rapide et en profondeur du Gabon, mais elles soulèvent aussi des interrogations sur leur faisabilité et leur mise en œuvre dans un délai aussi court. Le 29 mars dernier, la campagne électorale a officiellement démarré et le 12 avril, les gabonais seront appelés aux urnes pour choisir leur futur président.
Une interrogation subsiste néanmoins : pourquoi axer le programme sur les 100 premiers jours alors qu’un mandat présidentiel s’étend sur sept ans ? Gouverner implique non seulement de poser des actions immédiates, mais aussi de bâtir une vision durable. Si ces mesures d’urgence peuvent constituer un premier élan, elles ne sauraient à elles seules répondre aux défis structurels du pays. Il serait donc pertinent d’attendre une présentation plus complète du programme d’Alain-Claude Bilie-By-Nze, afin de mieux apprécier l’orientation qu’il entend donner à son premier septennat.