La paroisse Saint-Augustin du Cap-Estérias, au nord de Libreville, a été le théâtre d’un événement historique le samedi 26 avril 2025 : la dédicace officielle de la traduction de l’Évangile selon Saint Luc en langue benga, rapporte Gabonactu. Une initiative qui marque un pas important dans la promotion et la préservation des langues locales au Gabon.
Porté par la Coordination inter-églises pour l’alphabétisation et la traduction en langues gabonaises (CIEATLG), ce projet a rassemblé catholiques, protestants et communautés locales autour d’une ambition commune : rendre accessible la parole de Dieu aux locuteurs de la langue benga. Une manière de rappeler que l’Évangile, au-delà des barrières linguistiques ou confessionnelles, doit être à la portée de tous.
Le benga est une langue bantoue parlée principalement au Gabon, dans la région nord de Libreville, ainsi qu’en Guinée équatoriale, notamment sur l’île de Corisco. On estime qu’environ 2 000 personnes utilisent cette langue au Gabon, pour un total de 3 000 locuteurs dans le monde. Sa vitalité, bien que fragile face à la domination des langues véhiculaires comme le français ou le fang, reste portée par des actions comme celle-ci, où culture et foi s’entremêlent.
La cérémonie de dédicace, empreinte d’émotion et de ferveur, s’est achevée par une prière commune, signe d’une unité spirituelle transcendant les appartenances religieuses. À travers ce projet, le message est clair : les langues locales ne doivent pas être abandonnées. Elles sont le reflet d’une identité, d’une mémoire collective, et leur valorisation est indispensable à la construction d’un Gabon plus riche de sa diversité.
Cette initiative s’inscrit également dans un vaste mouvement panafricain de traduction de la Bible dans les langues autochtones. Au Congo voisin, par exemple, des efforts similaires sont menés pour traduire les écritures en gangulu, lari, beembe ou encore vili, témoignant d’une volonté du continent de rapprocher les peuples de leur patrimoine spirituel et linguistique.
Au-delà de l’aspect religieux, la traduction de l’Évangile selon Saint Luc en benga ouvre aussi la voie à une meilleure reconnaissance des langues minoritaires dans les sphères éducatives, culturelles et institutionnelles. Un exemple inspirant pour d’autres communautés linguistiques du Gabon, qui voient dans ce projet une démonstration concrète que chaque langue, aussi minoritaire soit-elle, mérite d’être préservée, utilisée et célébrée.

