Dans un pays où les promesses d’une justice équitable et impartiale se font toujours attendre, la société continue à assister à un spectacle désolant et parfois inquiétant, relevant potentiellement du deux poids, deux mesures. Tandis que de simples citoyens sont sévèrement sanctionnés pour des délits mineurs, d’autres, auteurs de violences ou de faits graves, mais bénéficiant de certaines connexions ou ayant de vastes ressources financières, échappent presque toujours à la moindre poursuite judiciaire.
Les images de violences entre élèves qui secouent la toile depuis plusieurs mois touchent profondément les populations gabonaises et semblent raviver un sentiment d’injustice déjà profondément enraciné dans l’histoire et la culture locale. Les victimes et les familles crient leur douleur et leur colère, mais leurs voix semblent se perdre dans le silence d’un appareil judiciaire sélectif.
Force est de constater qu’au Gabon, la justice ne frappe pas avec la même force, selon le camp où l’on se trouve. Quand un membre d’une famille modeste est arrêté pour propos injurieux ou pour d’autres faits du même ordre, il est rapidement appréhendé et condamné. En revanche, lorsqu’une personne ayant un proche au sommet des institutions où étant lui-même plein de ressources financières, est impliquée dans des actes de violence ou d’incivisme, subitement les enquêtes s’enlisent, les dossiers disparaissent et les promesses d’impartialité s’évanouissent.
« Nous voulons seulement que la justice soit la même pour tous », déclare Thomas Mba, agent du secteur privé. Ce citoyen s’inquiète que pendant que certains croupissent dans les geôles de la prison centrale, d’autres citoyens qui se rendent coupables des mêmes faits, ne sont en aucun cas inquiétés par la justice.
De nombreux créateurs de contenus et des parents dénoncent une impunité systématique, nourrie par un climat de peur et par le refus des autorités de reconnaître leurs propres manquements. « Je n’ai plus confiance en notre système judiciaire. Comment expliquez-vous qu’une personne accusée de meurtre se retrouve en France pour poursuivre ses études ? » s’exclame Pamela Mitogo, enseignante et mère de famille
Dans les couloirs du pouvoir, on parle de réformes, de transparence, de respect de la loi, mais sur le terrain, la réalité est tout autre. À croire qu’au Gabon, la justice qui est censée être aveugle, ne fait que fermer les yeux sur certains profils et choisit soigneusement quand les rouvrir.
 
			 
			
 
									 
					 
					

