L’affaire Warren, ce jeune de 15 ans violemment agressé par ses camarades à Libreville, n’aura pas seulement ému l’opinion, elle a également suscité une forte impression d’inégalité en ce qui concerne une justice désormais perçue comme partiale, et souvent plus sévère envers les plus faibles. C’est du moins ce qui ressort sur les réseaux sociaux, devenus une véritable plateforme de dénonciation et de revendication citoyenne.
Désormais, les plateformes numériques ne se limitent plus à leur fonction première de divertissement. Elles se muent en une véritable place publique, un lieu où se forment et s’expriment les opinions, où la société débat, interpelle et réclame des comptes.
Là où les institutions tardent parfois à réagir, les internautes prennent la parole, et c’est souvent au prétexte de la viralité d’une vidéo, d’un hashtag ou d’une publication que naît ce que certains qualifient désormais de « justice du peuple ». L’affaire Warren Loundou est le dernier exemple d’une série de scandales publics où la pression numérique a précédé la réaction judiciaire.
Entre dénonciation et désillusion
Si les réseaux sociaux se transforment en tribune, c’est aussi parce qu’ils concentrent souvent des milliers d’avis contraires, imbibés d’une profonde désillusion face aux institutions. Beaucoup de citoyens ont l’impression que la justice frappe plus durement les modestes que les privilégiés.
Des phrases comme « On va voir si la justice est seulement forte sur les mounas des pauvres » ou « la loi n’est pas la même pour tous » reviennent régulièrement dans les commentaires en ligne.
Dans cette société interconnectée, la douleur d’une victime, la colère d’une mère ou l’indignation d’un citoyen ne restent plus confinées à l’intimité des familles. Elles sont désormais publiques, partagées, amplifiées, créant une pression morale qui obligent les institutions à se montrer à la hauteur.
Quand le numérique bouscule la justice
Cette nouvelle ère de l’opinion en ligne n’est cependant pas exempte de dérives. En effet, si la toile permet de révéler l’injustice, elle peut aussi générer des excès, telles que les accusations sans preuves, le “pressing” ou lynchage numérique, ou encore les atteintes à la vie privée. Et très souvent la frontière entre la vérité des faits et les émotions perd en clarté.
Un appel à l’équilibre
L’État, la justice, les médias et les citoyens se trouvent aujourd’hui face à une responsabilité partagée : rétablir la confiance. Car une société où la justice ne parvient à se faire entendre qu’à travers la pression des réseaux sociaux serait une société encore en quête d’équilibre.
L’affaire Warren, comme d’autres avant elle, agit comme un miroir. Elle met à nu nos failles collectives, mais aussi nos espoirs : celui d’un Gabon où la vérité ne dépend ni du nom ni du rang, et où la justice ne se rend pas selon la fortune ou la filiation.
 
			 
			
 
									 
					 
					

