Ce mercredi 10 décembre 2025, l’amphithéâtre de Gabon 24 a accueilli une conférence dédiée à la lutte contre les violences numériques faites aux femmes. Organisée par la fondation Ma Bannière, sous l’égide de la Première dame Zita Oligui Nguema pour la cérémonie de clôture des 16 jours d’activisme sur les violences en ligne. La rencontre a rassemblé des experts en droit, des sociologues, des psychologues, des réalisateurs et des acteurs, venus sensibiliser le public et proposer des actions concrètes pour protéger les femmes contre ce fléau moderne.
La cérémonie a débuté par une prière de bénédiction présidée par le pasteur Prince Nkongo Ngimbi avant le mot de bienvenue de Linda Bongo Ondimba coordinatrice de cette campagne de sensibilisation. Elle a rappelé que l’engagement contre les violences numériques doit dépasser les 16 jours d’activisme : « Cette action ne se reprend pas à ces 16 jours d’activisme, mais nous devons continuer la lutte contre ce Goliath. Personne n’est à l’abri,nous sommes tous concernés ». Un appel à la vigilance qui a posé le ton d’une rencontre porte sur la responsabilité collective.
Le cadre juridique a été rappelé avec l’article 288 du Code pénal, qui sanctionne la diffusion non autorisée de contenus portant atteinte à la dignité avec une peine allant à 10 ans d’emprisonnement avec 30 000 000 millions d’amende. Souvent méconnu, ce texte constitue pourtant un rempart essentiel pour les victimes de cyberviolence.
Le capitaine Wora, représentant de l’unité de cybercriminalité, a expliqué que la police gabonaise dispose désormais d’une cellule spécialisée pour traiter les plaintes liées aux infractions numériques, avec des procédures adaptées. Il a insisté sur l’importance de la dénonciation : « La première méthode, c’est déjà que les victimes dénoncent ». Il a également rappelé que la police assure un accompagnement global grâce à la présence d’assistants sociaux et d’un psychologue pour les cas les plus sensibles.
Le sociologue Moussavou Parlov a souligné l’impact psychologique de ces violences, rappelant que la campagne permet de mieux identifier les structures de prise en charge : « Aujourd’hui, grâce à cette campagne, nous savons qu’il existe une unité de cyberharcèlement ». Selon lui, la cyberviolence détruit mentalement autant qu’elle atteint la réputation des victimes, d’où l’importance d’une sensibilisation continue.
La projection du film « Le post qui tue », présentée par le réalisateur Mathias Nguema, a marqué un temps fort. « Je m’inscris comme un réalisateur qui dénonce des faits sociaux », at-il expliqué, rappelant que le cinéma peut éduquer et alerter sur les dérives numériques. Il a précisé un message fort : « Aujourd’hui toi qui critiques, demain ça peut être toi ». L’actrice Ossouka Merveille, quant à elle, a expliqué s’être documentée pour comprendre la réalité des violences numériques : « Nous voulons montrer que diffuser certains messages peut détruire la vie d’une personne ». Elle estime que le film contribuera à alerter ceux qui commettent ces actes.
En clôture, la prise de parole des étudiants de l’Université Numérique a rappelé une autre dimension cruciale : la vigilance familiale. Ils ont souligné que l’entrée d’un jeune et plus encore d’une jeune fille sur les réseaux sociaux ne doit jamais se faire dans la solitude. Un mot, une image ou un message malveillant peut suffire à déstabiliser, à bénir, à faire vaciller une identité encore en construction. Ils ont insisté sur la responsabilité des parents, appelés à garder un œil attentif, à accompagner, à expliquer, à protéger. Un rappel puissant : face aux violences numériques, la prévention commence souvent à la maison.
La rencontre s’est achevée avec les mots de la coordinatrice de la Fondation, Stéphanie Oyili : « Plus jamais la dignité humaine ne soit sacrifiée par la violence numérique. Ensemble réparons, protégeons ensemble et faisons du numérique un espace sécurisé ». Une conclusion qui résume l’esprit de la campagne : unir les efforts pour faire du numérique un environnement où la dignité est respectée.

