Le gouvernement rebat les cartes autour du gisement de fer de Belinga en supprimant le Haut-Commissariat qui en avait la charge et en le remplaçant par une Task-force directement rattachée à la présidence de la République. L’exécutif veut couper court face aux lourdeurs administratives, reprendre la main sur les décisions stratégiques et accélérer la réalisation des infrastructures minières, portuaires, ferroviaires et énergétiques indispensables à ce projet clé pour la souveraineté industrielle du pays.
Selon le projet de décret présenté en Conseil des ministres, la dissolution du Haut-Commissariat répond à un impératif : rationaliser l’action publique. Les missions autrefois concentrées dans cette structure seront désormais réparties entre trois départements clés en tête desquels, mine: coordination technique et suivi des activités minières; Transports : supervision des projets ferroviaires et portuaires; Énergie : développement des infrastructures électriques nécessaires.
Le texte prévoit également le transfert des biens, droits, obligations, archives et contrats à l’État, via les ministères concernés. Objectif assumé, plus de cohérence, moins de doublons administratifs, et une optimisation des ressources publiques.
En contrepartie de cette suppression, une Task-force, placée sous l’autorité directe du chef de l’État, devient l’outil central du pilotage politique. Cette administration temporaire et interministérielle aura la main sur : le développement de la mine de fer de Belinga ; la réalisation du port minéralier de Kobe-Kobe ; le chemin de fer Belinga–Kobe-Kobe ; les centrales hydroélectriques associées.
Pour l’économiste spécialisé dans les industries extractives, Dr Mamadou Nziengui, ce changement traduit « une volonté d’intégration verticale. L’État cherche à éviter les retards et les surcoûts qui naissent quand le minier, le rail, le port et l’énergie avancent à des vitesses différentes ». Il estime également que « ce type de structure d’exception est souvent le seul moyen, dans les projets stratégiques africains, de parler d’une seule voix aux bailleurs internationaux et de sécuriser un calendrier d’exécution ». Plus qu’un organe de supervision, la Task-force disposera d’un pouvoir de coordination transversal, garantissant l’évolution harmonisée des volets miniers, industriels, logistiques, environnementaux et sociaux.
La structure comptera un Coordonnateur général, un adjoint, des représentants de la Présidence, des ministères concernés et des experts sectoriels. Elle disposera d’un Secrétariat technique permanent et pourra créer des commissions spécialisées, avec l’obligation pour les administrations publiques d’apporter un soutien total. Pour renforcer la redevabilité, la Task-force devra présenter des rapports trimestriels et annuels au Chef de l’État. Sa mission est prévue pour cinq ans, renouvelable une fois, ou jusqu’à l’achèvement complet des objectifs stratégiques.
Avec ces deux décrets, le gouvernement affiche sa volonté de mettre fin aux lenteurs institutionnelles qui ont longtemps ralenti Belinga. Le gisement, considéré comme un levier majeur de transformation économique et d’industrialisation, nécessite des investissements lourds, une logistique intégrée et la confiance des partenaires financiers.
La nouvelle gouvernance se veut donc plus directe, plus agile et plus contrôlée, dans un contexte où l’exploitation de Belinga est appelée à devenir un pilier de la souveraineté minière du Gabon, de la création d’emplois nationaux et du développement local. Reste à voir si cette concentration des responsabilités au sommet de l’État permettra d’accélérer un dossier suivi de près par les opérateurs économiques, les riverains et la communauté internationale. Le compte à rebours est lancé.

