Le Tribunal de première instance de Libreville a pris une décision inédite. Par une ordonnance signée du président Jean Gaël Doumbeneny, la juge d’instruction des enfants en charge du 2ᵉ cabinet, Madame Leïla Charlène Ndondo Ngossa épouse Leyigui, a été suspendue de ses fonctions pour une durée de trois mois.
Cette mesure disciplinaire, fondée sur les dispositions de la loi n°040/2023 du 26 octobre 2023 portant statut des magistrats, fait suite à une requête déposée par Me Kiely Houndi et aux réquisitions du procureur de la République dans le cadre de la procédure P.R n°377/25-26-MP, opposant Pango Loungou Warren Aaron à plusieurs mis en cause, dont Adanho Ngoubandjambo Evrard Sedjro et Ogandaga André Mathieu.
Des faits jugés contraires à la fonction
Selon les termes de l’ordonnance, la magistrate aurait reçu les parents du mis en cause en l’absence de ceux de la victime, une initiative contraire aux règles de neutralité et d’équité imposées par la fonction judiciaire. Elle aurait également délivré une ordonnance de placement à l’encontre de deux mis en cause tout en suspendant le reste de l’instruction pour cause de coupure d’électricité, alors qu’elle pouvait, précise le document, poursuivre la procédure manuellement, la saisie numérique n’étant pas une exigence légale.
Le président du tribunal estime que ces agissements traduisent un manque de professionnalisme et de discernement, dans un contexte où l’affaire suscite une forte sensibilité sociale.
Une justice qui se veut exemplaire
En conséquence, il a été décidé de prononcer une interdiction d’exercice de trois mois à l’encontre de la juge Ndondo Ngossa, à compter de la notification de la suspension. Une décision prise en application de l’article 150 du statut des magistrats, qui encadre les sanctions disciplinaires applicables aux membres du corps judiciaire.
Cette suspension, rarissime dans le système judiciaire gabonais, illustre la volonté des autorités judiciaires de renforcer la rigueur et la transparence au sein de la magistrature. Elle marque également un signal fort : nul, même au sein de la justice, n’est au-dessus de la loi.
 
			 
			
 
									 
					 
					

