Au cœur d’une bataille juridique, le masque sacré du Gabon a déclenché une série d’évènements. Sculpté à la fin du dix-neuvième siècle dans du bois de fromager, son vernis kaolin ajoute une touche d’authenticité à ce masque fang appelé NGUIL, dont la vente aux enchères du samedi 26 mars 2022 à Montpellier en France adjugé à 4.2 millions d’euros a fait couler beaucoup d’encre… Ce masque d’une société discrète dissoute appartenant au patrimoine culturel du Gabon a été cédé par un couple d’octogénaires à 150 Euros à un brocanteur et six mois plus tard, elle est mise aux enchères.
En 2006, un masque sacré similaire avait été vendu à près de 6 millions d’euros à Paris. Le dicton « ce qui est rare, coûte cher » résonne particulièrement avec ce masque d’une société discrète dissoute du pouvoir colonial, l’un des rares exemplaires au monde à avoir traversé les vicissitudes de l’histoire en tant que témoin des époques coloniales et post-coloniales du Gabon. Une histoire mystérieuse, une valeur inestimable mais aussi une controverse croissante.
Au soir du samedi 23 mars 2022, une délégation de gabonais a tenté d’interrompre la vente aux enchères affirmant que ce masque appartient indubitablement au patrimoine gabonais. L’absence de réaction des anciennes autorités gabonaises contactées plusieurs mois avant a permis une vente sans protestation officielle octroyant ainsi un permis de libre circulation par la direction générale des musées de vente à l’étranger.
Suite à la plainte de la délégation de l’association Gabon Occitanie en mars 2023, le litige prend son cours. En Septembre 2023, les nouvelles autorités gabonaises lancent une procédure de restitution du masque demandant en introduction un sursis à statuer, une affaire que le tribunal ne doit plus trancher. Sous instruction des autorités de la transition, les avocats demandent l’annulation des ventes liées à ce masque sacré et son rapatriement au Gabon.
Cette bataille, entre héritage culturel et débats judiciaires, rappelant que derrière chaque objet antique se cache une histoire complexe, mêlant art, patrimoine, et enjeux contemporains.
Malgré les efforts, Le Collectif Gabon Occitanie et l’Etat gabonais n’obtiennent pas gain de cause. La justice française a ultimement validé la vente du masque le 19 Décembre 2023. Le tribunal a jugé que le brocanteur n’avait aucune connaissance spécifique en matière d’art africain.