Trouble psychologique complexe et souvent mal compris, la dépression touche des millions de personnes à travers le monde, sans distinction d’âge, de sexe ou de statut social. Sa détection est souvent difficile, car comme le souligne Mawele Mbembou Hynnel Verley, psychologue clinicien et psychopathologue, « elle commence souvent de manière silencieuse, discrète, presque banale, et c’est justement ce qui la rend dangereuse ».
Bien que les symptômes varient d’une personne à l’autre, ils incluent fréquemment une tristesse persistante, une perte d’intérêt marquée pour les activités autrefois appréciées, des troubles du sommeil et de l’appétit, un sentiment de culpabilité ou de désespoir, voire des pensées suicidaires.
Il est crucial de reconnaître la dépression comme une maladie à part entière nécessitant une prise en charge médicale et psychologique appropriée. « C’est une maladie reconnue médicalement, qui peut se traiter avec des thérapies, des médicaments et un accompagnement adapté, permettant aux personnes atteintes d’aller mieux », explique le spécialiste. Plusieurs solutions thérapeutiques existent, telles que la psychothérapie ou les antidépresseurs, souvent combinées. Rechercher une aide professionnelle et parler ouvertement de ses ressentis est une étape essentielle vers le rétablissement.
Cependant, la stigmatisation reste l’un des obstacles majeurs au traitement. Alors qu’une maladie physique suscite plus facilement soutien et compassion, la dépression expose souvent à des jugements hâtifs ou à l’incompréhension. « Au Gabon, ce qu’on ne voit pas, ce n’est pas grave. Ce n’est pas réel. C’est dans la tête. C’est mystique. Contrairement à une jambe cassée ou à une douleur dentaire, la dépression ne se manifeste pas avec des symptômes visibles », observe l’expert de la santé mentale.
Cette invisibilité conduit quelquefois l’entourage, même bienveillant, à minimiser la gravité de la situation, invitant la personne malade à simplement « faire des efforts » pour surmonter son état. La dépression devient alors non seulement un mal silencieux, mais aussi un fardeau invisible, souvent lourd à porter seul.
Face à cela, une sensibilisation accrue du public apparaît nécessaire pour combattre la désinformation et les préjugés entourant cette maladie. L’éducation et la communication sont des outils essentiels pour aider chacun à reconnaître les signes de la dépression, chez soi comme chez les autres, et pour promouvoir l’empathie et le soutien envers les personnes concernées.
La dépression est un trouble sérieux, parfois dévastateur, qui ne doit jamais être ignoré ou banalisé. Tendre la main aux personnes touchées et briser les tabous qui persistent sont des étapes cruciales pour bâtir une société plus compatissante et attentive à la santé mentale de tous ses membres.

