Longtemps cantonné au rôle de pourvoyeur ou de figure d’autorité, le père peine encore à être pleinement reconnu dans la sphère familiale et sociale. Pourtant, son implication affective et éducative s’avère essentielle à l’équilibre des enfants et à la cohésion familiale.
Dans l’imaginaire collectif, la maternité reste au cœur de la parentalité. Congés, politiques publiques, discours médiatiques : tout semble graviter autour de la mère, souvent perçue comme la figure naturellement centrale de l’éducation. « Socialement, le père conserve un statut symbolique fort, mais dans la pratique quotidienne, il est souvent peu impliqué dans l’éducation directe des enfants. Dans certains cas, notamment en milieu urbain, les mères (ou les familles élargies ou recomposées) assument l’essentiel des responsabilités éducatives, ce qui peut marginaliser le rôle paternel », a déclaré Francky-Thiburse Mapenda, diplômé en sociologie à l’Université Omar Bongo. Le père, lui, demeure en retrait, parfois par choix, souvent par héritage culturel ou par manque de reconnaissance institutionnelle.
Pourtant, la présence active du père contribue au développement émotionnel, social et cognitif de l’enfant. Un père impliqué favorise l’autonomie, renforce la confiance en soi et offre un autre rapport à l’autorité et aux règles. « Nous sommes certes dans une société fortement marquée par la déstructuration du modèle familiale originel (père, mère-enfants), mais cela n’empêche que tout homme qui assume ses responsabilités en tant que père est forcément valorisé par la société. Ce qui n’est pas le cas pour les pères irresponsables et démissionnaires », a affirmé Cyr Pavlov Moussa-Moussavou, sociologue. Loin d’être secondaire, son rôle est complémentaire à celui de la mère.
Malgré ces constats, les obstacles persistent. Le monde du travail laisse peu de place à la paternité engagée et les pères qui souhaitent s’investir davantage se heurtent encore à des stéréotypes tenaces. « Le père est mis en marge de l’éducation d’un enfant lorsqu’il est trop souvent absent (pour des raisons professionnelles, par exemple) » a déclaré Cyr Pavlov Moussa-Moussavou, sociologue politique.
Les évolutions récentes, notamment l’octroi de trois jours de congé paternité et l’émergence de nouveaux modèles familiaux, laissent toutefois entrevoir un changement. De plus en plus d’hommes revendiquent leur place, non pas en opposition à la mère, mais dans une logique de coresponsabilité. « Tout homme qui assume ses responsabilités en tant que père est forcément valorisé par la société. Ce qui n’est pas le cas pour les pères irresponsables et démissionnaires », a souligné Cyr Moussa Moussavou.
Redonner au père la place qu’il mérite, c’est reconnaître que l’éducation est une œuvre collective. C’est aussi permettre aux enfants de grandir avec des repères pluriels, équilibrés et complémentaires. À l’heure où la famille se réinvente, il est temps de cesser de reléguer le père au second plan et de l’ériger pleinement en pilier de la parentalité moderne.

